Théâtre

Au Rideau de Bruxelles, "Les yeux noirs" : Pris·e au piège dans la nuit noire

Les yeux noirs, au Rideau de Bruxelles

© Alice Piemme/AML

On connaît la "Compagnie de la Bête Noire" pour ses spectacles socialement engagés et ses textes percutants. Elle nous revient au Théâtre du Rideau avec "Les yeux noirs", une pièce qui ne déroge pas à la règle en proposant un triptyque sur la violence conjugale.

Pendant une heure, Sébastien Bonnamy et Céline Delbecq, également auteure du texte, prennent le spectateur à la gorge pour le plonger dans l’univers de la violence. Trois tableaux pour trois contextes différents qui se font pourtant écho :

Elle d’abord, qui baigne dans sa mare de sang et aurait tellement souhaité réconforter le petit garçon qui se cache dans le corps de son bourreau.

Lui ensuite, qui perpétue auprès de son entourage le trauma vécu enfant.

Eux enfin, dont la relation s’effondre peu à peu, prise dans la toile de la jalousie et de l’insécurité affective.

Dans ces peintures sombres, une lumière demeure : le courage de dire "STOP".

Les yeux noirs, au Rideau de Bruxelles
Les yeux noirs, au Rideau de Bruxelles © Alice Piemme/AML

Côté mise en scène, Jessica Gazon se met au service du texte. La sobriété est de mise pour laisser un maximum d’espace aux mots : il faut de l’air pour contrebalancer cette sensation d’oppression qui s’insinue en nous à mesure que les situations se dégradent. Insidieux, les mots écœurent et le malaise est palpable, mais jamais la violence physique n’est démonstrative. Cherchant un équilibre entre dénoncer et préserver le spectateur d’éventuelles résurgences, le spectacle dévoile les ficelles des mécanismes de la violence conjugale sans tomber dans le choquant.

Si les témoignages de femmes victimes affluent aujourd’hui pour mettre en lumière une situation inacceptable, il est plus rare de donner la parole au bourreau. Expliquer n’excuse pas, mais cela permet de comprendre dans quelle spirale infernale tombent ces personnes bien souvent victimes avant de devenir coupables. Le choix du triptyque évite au spectacle de se voir apposer l’étiquette du "déjà-vu" pour prendre celle de "à voir". Les yeux noirs, c’est un plongeon dans la nuit d’encre dont on est content de sortir pour prendre une grande bouffée d’air frais. Certaines n’ont pas cette chance.

en pratique

De Céline Delbecq

Mis en scène par Jessica Gazon

Avec Sébastien Bonnamy et Céline Delbecq

Une production de la Compagnie de La Bête Noire

Au Théâtre du Rideau, du 15 au 25 novembre

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