Au Théâtre le Public, le fils de Don Quichotte à la recherche de nouveaux moulins

L’entrée de jeu était prometteuse et donnait à espérer que l’on quitterait rapidement la route de l’œuvre originale pour prendre un tournant radicalement contemporain. Si le coup de volant a eu lieu, la bifurcation n’a pas été si franche. Anne Sylvain propose un Don Quichotte qui s’interroge sur son statut de chevalier, de personnage intemporel et à la recherche de nouvelles quêtes à mener. Le spectateur plonge dans les abysses d’une introspection à multiples branches pour en ressortir avec peu de réponses et la légère impression d’avoir tourné en rond. L’idée était pourtant bonne et l’auteure est connue pour ses pièces coups de poing. Mais les réflexions existentielles se succèdent sans laisser le temps aux spectateurs de bien se les approprier ou ne serait-ce que les digérer. Mêlant discours chevaleresque et langage contemporain, l’hybride est dense et lourd.

Côté scène, si l’idée du plateau tournant est symboliquement bien trouvée, elle s’essouffle malheureusement vite, faute d’interactions. Le choix d’une scénographie minimaliste interroge, tout comme la mise en scène, laissant une impression de vide que rien ne comble. Le défi était donc grand pour Othmane Moumen et Philippe Résimont ! Lancés presque à mains nues dans une bataille sans moulin, ils se battent vaillamment pour tenter de donner vie et rythme à un contenu peut-être pas complètement adapté au théâtre.

Si cette expérience théâtrale laisse sur la réserve, le "Fils de Don Quichotte" doit sans doute être intéressant à la lecture. Les nombreuses recherches réalisées et la qualité d’écriture sont indéniables, mais seront sans doute davantage appréciées sur papier.

Le Fils de Don Quichotte

D’Anne Sylvain

Avec Othmane Moumen et Philippe Résimont

Mis en scène par Michel Kacenelenbogen

Scénographie d’Anne Guilleray

Au Théâtre le Public du 10 janvier au 25 février