Politique

Aucune opération de rapatriement possible pour les 294 personnes identifiées par la Belgique en Ukraine

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Par Jean-François Noulet

Le Premier ministre, Alexander De Croo, entouré d’une partie des membres du gouvernement, a fait le point sur la situation en Ukraine et les implications pour la Belgique, lors d’une conférence de presse, à 13 heures. Cette conférence de presse est intervenue après un kern, un conseil des ministres restreint, tenu ce mardi en début de matinée. Il s’agissait de faire le point sur la mise en œuvre de ce qui a été décidé, en concertation avec les autres Etats européens, dans le cadre du conflit russo-ukrainien.

L’amiral Michel Hofman, Chef de la Défense, et le vice-amiral Wim Robberecht, Chef du service de renseignement militaire, le SGRS, avaient aussi été conviés à la discussion en vue de détailler le volet militaire.

Ce kern a été suivi, à 10h30, d’une visite officielle du Roi à l’état-major de la Défense, à Evere, dans une journée où, du côté politique fédéral belge, il est beaucoup question de l’Ukraine.

"Nous vivons dans une autre Europe", selon Alexander De Croo

Le Premier ministre est d’abord revenu sur les "images déchirantes", celles "d’une destruction d’un pays, de violence complètement aveugle contre un pays innocent, un pays libre, un pays en trajectoire démocratique". Pour Alexander De Croo, "c’est une situation qui doit cesser au plus vite possible".

Le Premier ministre qualifie aussi d'"impressionnant" les réactions de solidarité vues dans le monde entier et "dans notre pays, aussi", par rapport à ce qui est en train de se passer en Ukraine.

Alexander De Croo souligne aussi la gravité des événements actuels. "Nous vivons aujourd’hui dans une autre Europe", indique-t-il, avec des changements possibles "dans le domaine de notre sécurité, de notre défense et de notre politique énergétique", ajoute-t-il.

Le Premier ministre tient à mettre en évidence le rôle joué par l’Europe. "L’Europe a montré son côté Smart Power et aussi montré son côté Hard Power", explique-t-il, rappelant tout ce qui a été mis en œuvre ces derniers jours. "Un paquet de sanctions inédit, la fermeture de l’espace aérien, des sanctions financières qui vont très très loin, des sanctions personnelles vers des personnes comme Monsieur Poutine et Monsieur Lavrov, et un gel quasi total des avoirs, de la caisse de guerre de la Russie", précise Alexander De Croo.

Le gouvernement demande aux Belges de quitter le territoire ukrainien

Lors de la conférence de presse, la ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès a fait le point sur la situation des Belges Ukraine. Au dernier décompte, "294 personnes sont sous notre responsabilité", explique Sophie Wilmès. Il s’agit de 232 Belges, de leurs familles proches (44 personnes) et de 18 citoyens luxembourgeois. Ces chiffres évoluent constamment. En effet, certaines personnes parviennent à quitter le territoire. D’autres, toujours présentes en Ukraine, se signalent aux autorités belges. C’est la raison pour laquelle les Affaires étrangères demandent aux Belges présents en Ukraine de se manifester. Il leur est aussi demandé de quitter le territoire ukrainien, en fonction de sa situation personnelle et si les conditions de sécurité sont suffisantes pour le faire.

Par contre, quitter l’Ukraine doit actuellement se faire par ses propres moyens. "Etant donné que l’espace aérien ukrainien est fermé et que les combats font rage, une opération d’évacuation n’est pas possible", signale, avec insistance, la ministre belge des Affaires étrangères.

Pour les Belges qui arriveraient aux frontières de l’Ukraine et pour les aider, les Affaires étrangères ont placé des équipes aux frontières de la Roumanie, de la Pologne, de la Moldavie et de la Slovaquie. Le centre de crise est aussi accessible 24 heures sur 24.

Il est aussi déconseillé de se rendre en Ukraine, même pour se battre

Alors que les autorités ukrainiennes ont adopté un décret pour permettre à des ressortissants étrangers de venir se battre en Ukraine, la question a été posée au gouvernement du sort des Belges qui se rendraient en Ukraine dans ce but. La ministre des Affaires étrangères rappelle qu'"il s’agit d’un terrain de guerre" et qu’en aucun cas nous ne conseillons à nos ressortissants de se rendre sur les lieux".

La ministre des Affaires étrangères précise que "c’est une situation que l’on suit et que l’on a abordée en briefing kern avec la Défense", ce mardi matin. Il s’agit aussi d’analyser cette question sous ses angles juridiques. "On ne part pas sur des terrains d’occupation prendre le fusil dans n’importe quelles conditions" ajoute la ministre.

La ministre des Affaires étrangères souligne, au passage, que "la Belgique, en tant qu’Etat est au rendez-vous pour l’Ukraine". Elle se réfère aux actions déjà entreprises dans le cadre de l’ONU, de l’OTAN et au niveau européen. S’y ajoute, "au niveau bilatéral", "l’envoi rapide d’armes aux Ukrainiens pour qu’ils puissent se défendre" et une réponse "rapide aux demandes de protection civiles, des tentes et des kits", selon Sophie Wilmès.

La stratégie belge : poursuivre la politique d’isolement de la Russie

Sur le plan diplomatique, des discussions se sont engagées lundi soir entre la Russie et l’Ukraine. "C’est un signal qui, dans des circonstances normales, pourrait être jugé positivement. Mais vu les circonstances, nous devons mesurer nos attentes", a tempéré Sophie Wilmès.

La ministre des Affaires étrangères indique que la volonté belge est de continuer à isoler la Russie. Elle rappelle le "troisième paquet de sanctions" adopté dimanche, "pour maintenir la pression sur Moscou de manière importante". "Cette politique d’isolement de la Russie au niveau diplomatique, nous avons l’intention de la poursuivre" précise Sophie Wilmès. Résolution à l’ONU, commission d’enquête au Conseil des Droits de l’homme sont ainsi dans les projets belges.

Le fait que la Russie soit mise au ban de nombreuses compétitions sportives est aussi salué par la ministre belge des Affaires étrangères. "Toutes ces initiatives mises bout à bout participent à l’effort d’isolement", estime Sophie Wilmès.

Un convoi militaire belge déjà parti vers la frontière ukrainienne. Des troupes en partance vers la Roumanie

La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder fait aussi le point sur le dispositif militaire belge.
Pour le moment, la Défense a déjà envoyé un convoi avec du matériel militaire vers la frontière ukrainienne. L’hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek a aussi activé le personnel et le matériel nécessaire pour accueillir des victimes de la guerre en Ukraine.

La ministre de la Défense ajoute que le kern a décidé d’envoyer des armes et des munitions, notamment des roquettes antichars, à la demande des autorités ukrainienne. Les livraisons sont en cours, indique la ministre.

Enfin, dans le cadre des engagements belges au sein de l’OTAN, pour renforcer la présence défensive et dissuasive de l’Alliance à ses frontières, la Défense belge enverra, dans les prochains jours, un détachement de 300 militaires en Roumanie. Il sera intégré dans un groupe de combat français. Il s’agit du 1er et 3e lanciers, un bataillon de Marche-en-Famenne.

La ministre de la Défense en profite pour remercier "tous les membres et le personnel de la Défense qui, conformément à leur devoir, ont répondu présent à l’appel de leur commandement".

Et la demande ukrainienne d’adhésion à l’Union européenne ?

Le président Volodymyr Zelenski a signé lundi une demande d’adhésion sans délai à l’UE, en réclamant une nouvelle procédure spéciale. Le Parlement européen, quant à lui, devrait pousser cet après-midi l’UE à reconnaître à l’Ukraine un statut de candidate à l’adhésion. "L’Ukraine fait partie de la famille européenne, comme d’autres pays qui ne font pas partie de l’Union européenne", a observé M. De Croo, interrogé sur la position de la Belgique à cet égard. "J’espère que cette guerre se finira au plus vite. Nous devrons alors collaborer avec l’Ukraine en fonction d’objectifs. Nous devons saisir cette main tendue de l’Ukraine, mais si on veut le faire rapidement, il faut trouver une autre forme de partenariat", a-t-il exposé. M. De Croo a rappelé que l’adhésion à l’UE était "un processus qui prend de nombreuses années et nécessite des réformes très importantes". Une nouvelle forme de partenariat, qui permettrait de saisir plus vite une main tendue, serait donc indiquée à ses yeux, que ce soit pour l’Ukraine ou d’autres pays.

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