Mais la question reste posée : pourquoi la Belgique est-elle spécifiquement la destination de la plupart des candidats réfugiés burundais ? "Il y a déjà une communauté qui est bien établie ici, et parce que le taux de protection est assez important" concernant les ressortissants burundais, nous répond Damien Dermaux.
Un taux de protection important qui répond à une situation sécuritaire très difficile pour beaucoup de citoyens burundais. Si l’histoire du Burundi indépendant est jalonnée de violences, la situation actuelle est spécifiquement alarmante depuis les répressions massives de 2015, et les multiples tentatives de coup d’État qui ont suivi.
En avril 2015, la candidature à un troisième mandat controversé de l’ancien président Pierre Nkurunziza avait déclenché un vif mouvement de l’opposition, brutalement réprimé avec au moins 1200 morts et 400.000 Burundais poussés à l’exil. L’élection en 2020 de son successeur Évariste Ndayishimiye, issu comme Nkurunziza du CNDD-FDD, n’a pas apaisé les craintes d’une partie de la population. Opposants politiques, militants d’ONG, anciens membres des forces armées burundaises tutsies, mais aussi des individus menacés par des membres de forces armées, etc. Ce sont les profils de candidats réfugiés rencontrés par les avocats spécialisés en Belgique.
Une autre raison possible de l’augmentation des arrivées de demandeurs d’asiles burundais dans notre pays, est le fait que les camps de réfugiés gérés par les Nations unies dans les pays voisins du Burundi, comme la Tanzanie, le Rwanda, ou la RDC dans le Sud Kivu, sont en train d’être évacués. Selon les chiffres de l’ONU, ces réfugiés étaient encore estimés à plus de 260.000 en mars dernier. Et depuis le 1er janvier, près de 5600 d’entre eux ont été rapatriés. Mais ce retour est parfois forcé, et une fois dans le pays, la répression peut encore une fois se manifester.