Belgique

Augmenter la taille des écluses pour diminuer le nombre de camions sur les routes ?

Par Julien Covolo

Nos écluses prennent du volume. Ces 10 dernières années, des travaux d’agrandissement sont réalisés les uns après les autres. Le dernier en date est celui d’Ampsin-Neuville, à mi-chemin entre Namur et Liège. À la clé, une réduction des temps de parcours des bateaux de plusieurs heures, et des centaines de camions potentiellement évités sur nos routes. On vous explique pourquoi.

Pour descendre la Meuse depuis Namur jusqu’aux Pays-Bas, un navire doit traverser 5 écluses. Mais le problème, c’est que ça ne prend pas 5 minutes : il faut parfois attendre son tour durant de longues heures, manœuvrer pour entrer dans le bassin, attendre la fermeture des portes et le changement du niveau d’eau.

Mathieu Rigole descend et remonte la Meuse chaque semaine avec son épouse.

Ces contraintes, Matthieu Rigole les connaît bien. Lui et son épouse sont capitaines d’une péniche commerciale. Chaque semaine, ils partent aux Pays-Bas chercher du sable pour l’acheminer du côté de Namur. Le problème, c’est qu’ils ne peuvent jamais prévoir leurs temps de parcours à l’avance. "C’est totalement aléatoire, explique Mathieu. Je suis parti à la même heure du même endroit que la semaine dernière, et je suis là avec trois heures d’avance", constate-t-il en attendant son tour aux écluses de Lanaye, à la frontière avec les Pays-Bas.

Mise à grand gabarit

La solution : agrandir les écluses. On parle de mise à grand gabarit. Celles de Lanaye et d’Ivoz Ramet, situées de part et d’autre de Liège, fonctionnent déjà à grand gabarit depuis 2015. "On arrive à rentrer avec deux bateaux de grande taille. C’est un grand gain de temps", se réjouit Mathieu Rigole. Avec des écluses plus grandes et plus efficaces, la traversée d’un côté à l’autre ne prend désormais plus qu’une vingtaine de minutes.

Par contre, le gros point noir reste du côté des écluses d’Ampsin-Neuville, près de Huy, à quelques mètres de la centrale de Tihange. À cet endroit, il faut encore prendre son mal en patience durant de longues heures lorsque les bateaux sont nombreux. Mais des travaux sont en cours depuis 2018 et ils ont bien avancé : début 2024, le site sera, lui aussi, mis à grand gabarit. "Les sites en amont et en aval sont tous à grand gabarit. C’était le dernier goulot d’étranglement qu’il fallait faire sauter", confirme Héloïse Winandy, porte-parole de la SOFICO.

Sur la Meuse, le point noir du trafic fluvial est au niveau des écluses d’Ampsin-Neuville.
Sur la Meuse, le point noir du trafic fluvial est au niveau des écluses d’Ampsin-Neuville. © Claire Pineux / RTBF

Plus de bateaux, moins de camions

L’enjeu, à terme, est d’éviter plusieurs milliers de camions sur nos routes. C’est un phénomène que l’on appelle "le report modal". "Il y aura une meilleure capacité d’absorption au niveau du site éclusier, se félicite la porte-parole. Il faut savoir qu’un seul mouvement d’écluse, c’est l’équivalent de 560 camions de 16 tonnes."

Agrandir nos écluses, cela revient donc à développer nos voies navigables pour les rendre compétitives au transport routier. Si le pari est réussi, les conséquences seront observées à l’échelle locale, régionale, mais aussi européenne. C’est la raison pour laquelle la Commission européenne a partiellement subsidié ces travaux avec la SOFICO, dont le budget total s’élève à 138 millions d’euros.

Les écluses d’Ampsin-Neuville sont toujours en plein chantier.
Les écluses d’Ampsin-Neuville sont toujours en plein chantier. © Jérôme de Neuville / RTBF

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