Augmenter le prix des paquets de cigarettes fait-il baisser la consommation ?

Prenons un paquet de Malboro, la marque de cigarettes la plus vendue dans le monde depuis 1972, selon son fabricant Philips Morris. A elle seule, la marque représentait en 2020 environ 37% du volume total d’expéditions de cigarettes vers 180 pays.

Parmi eux, l’Australie où un paquet coûte plus de 24 euros.

C’est 24 fois plus cher qu’au Nigéria, pays qui propose le tarif le plus bas.

Parce que la même quantité d’argent ne représente pas la même richesse dans des pays différents, il est intéressant de mener cette comparaison en utilisant l’indicateur de parité de pouvoir d’achat.

Au sein de l’Union européenne, on remarque que l’Irlande affiche un prix du tabac quatre fois supérieur qu’en Bulgarie et 149% au-dessus de la moyenne de l’UE.

Selon Eurostat, cette grande dispersion des prix entre pays de l’UE s’explique principalement par de grandes différences de droits d’accise sur le tabac, c’est-à-dire l’impôt perçu sur la consommation de ce produit.

Ainsi, "la législation de l’UE ne fixe que des taux minimaux harmonisés. Les États membres sont libres d’appliquer des taux d’accise supérieurs en fonction de leurs besoins nationaux."

À noter que les règles actuelles de l’UE sont en cours de révision.

Avec ces prix élevés, l’Irlande est-elle pour autant le pays qui compte le moins de fumeurs ?

Si elle ne se situe pas à la première place, elle s’en rapproche. Derrière la Suède, la Finlande, le Luxembourg, le Portugal et le Danemark, l’Irlande compte 13,8% de fumeurs quotidiens. Le record est détenu par la Suède qui ne compte "que" 6,4% de fumeurs quotidiens. Soit presque cinq fois moins qu’en Bulgarie.

Il est effectivement indéniable que le prix d’un paquet de cigarettes joue sur la consommation de tabac dans un pays. Selon la Banque mondiale, le prix est même la mesure dissuasive la plus efficace.

A ce titre, la fondation contre le cancer plaide plutôt pour une augmentation ponctuelle et importante qu’une suite de petites hausses de prix.

Son ancien directeur général, Dr Vander Steichel indiquait déjà en 2020 que "pour une augmentation de l’ordre de 10%, c’est une baisse de 4% en moyenne de la consommation".

Dans notre pays, 14,6% des Belges fument quotidiennement. Parmi eux, 4,9% fument plus de 20 cigarettes par jour.

Selon la fondation contre le cancer, rien ne prouve qu’une augmentation des prix ferait augmenter la contrebande de tabac. À l’échelle mondiale, la contrebande est même plus répandue dans les pays où le tabac coûte le moins cher, lit-on sur son site.

Le commerce illicite dépend de nombreux autres facteurs que le seul prix du paquet de cigarettes. Des contrôles douaniers inefficaces, de forts niveaux de corruption ou encore l’existence d’organisations criminelles dans le pays favorisent la vente de cigarettes sous le chapeau.