Retour aux sources

Autour de l’impossible traversée de Blériot : quelques histoires de l’aéronautique belge

© Blériot, l’impossible traversée. Tous droits réservés

Cette semaine, dans "Retour aux sources", Élodie de Sélys vous propose de vous envoler. D’abord avec "Louis Blériot, l’impossible traversée" qui vous révèle les secrets d’un exploit de portée mondiale, aujourd’hui largement oublié. Ensuite, avec "Lindbergh, l’aigle solitaire". Si la renommée de l’industrie aéronautique se trouve aujourd’hui sous d’autres cieux que la Belgique, on ignore souvent que le royaume eut ses heures de gloire en la matière.

Jean Stampe (1889-1978)

Jean Stampe, Albert Ier et Maurice Vertongen.

En 1922, deux anciens combattants de la Grande Guerre s’allient : Jean Stampe et l’ancien joueur de football Maurice Vertongen (1886-1964). Ils fondent la firme Stampe & Vertongen et s’accordent avec un consultant extérieur qui aura droit à des royalties sur les appareils conçus par lui, un certain Alfred Renard.

Un premier prototype est conçu dans un sous-sol à Evere. Après toutes les vérifications d’usage, l’avion est assemblé dans un hangar de l’Administration de l’Aéronautique et présenté au roi Albert Ier le 23 avril 1923. Le premier vol est un succès. Stampe & Vertongen édifient alors leurs ateliers à Deuren, près d’Anvers, d’où sortiront les RSV-32 (Renard, Stampe & Vertongen).

Des SV-4 en vol (Stampe Formation Flying Formation).

Les deux associés créeront et produiront dès 1936, un biplan de légende, le Stampe & Vertongen SV-4, destiné à l’écolage mais aussi à l’acrobatie. Hélas, les installations anversoises de l’entreprise seront détruites par un V1 allemand durant la Seconde Guerre mondiale, empêchant toute relance ultérieure.

Le R-35.

À la demande de la Sabena, c’est encore avec Renard que la firme crée le premier avion stratosphérique : le R-35 est un trimoteur à cabine pressurisée, destiné à embarquer 20 passagers.

Le prototype du R-35 après son accident.

Hélas, en 1938, lors d’un essai où seul un roulage rapide était prévu, le prototype décolle et s’écrase, tuant son pilote, Georges Van Damme. Il semble que ce dernier, inexpérimenté à diriger des avions lourds, ait perdu le contrôle de l’appareil. Le prototype détruit, le Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS) qui finançait le programme ne le renouvellera pas.

À découvrir : le Stampe & Vertongen Museum.

Alfred Renard (1895-1988)

Alfred Renard.
Alfred Renard. © Vieillestiges.be

Alfred Renard a 25 ans quand il obtient son diplôme d’ingénieur en constructions civiles ainsi qu’une licence en aéronautique. Il fonde immédiatement la "Société anonyme des avions et moteurs Renard ", créant le moteur Renard, puissant de 100, 120 et 240 chevaux. Ces mécaniques équiperont les appareils de l’armée belge et s’exporteront jusqu’aux États-Unis.

Le R-31 en vol.

La société, devenue "Renard Construction aéronautiques" avec l’arrivée de Georges Renard, son frère, étudiera de nombreux types d’avions. Elle est à l’origine du Renard R31 qui sera utilisé par l’armée belge au tout début de la Seconde Guerre mondiale. Dans la foulée, le Renard R38, doté d’armes et de bombes, est mis au point mais sa construction sera abandonnée, l’entreprise devant cesser ses activités à la suite de l’occupation allemande.

En 1947, Renard s’associe avec Jean Stampe, donnant naissance à la société Stampe & Renard. Elle fabriquera le Stampe SV-4b, version améliorée du modèle d’avant 1940 ainsi que le Stampe & Renard SR-7. La société fermera ses portes en 1970, Alfred Renard décèdera en 1988, des suites d’un accident de la circulation.

Le Laboratoire aérotechnique de Belgique

Créé au cours des années 1920 par Émile Allard (1883-1950), avec l’aide du FNRS, le Laboratoire est installé à Rhode-Saint-Genèse. Axé sur la recherche, son installation de soufflerie permet d’expérimenter des maquettes d’avions. Le tunnel aérodynamique sera conçu de concert par Allard et Alfred Renard.

Nicolas Florine dans le Florine II.

C’est avec l’aide du Laboratoire que l’ingénieur belge d’origine russe, Nicolas Florine (1891-1972), met au point un projet d’hélicoptère utilisant deux rotors sustentateurs : la "solution Florine". Trois prototypes seront construits.

En 1933, essai de l’hélicoptère Florine, à Rhodes-Saint-Genèse.
En 1933, essai de l’hélicoptère Florine, à Rhodes-Saint-Genèse. © Vieillestiges.be

À partir de 1956, le Laboratoire diversifie ses travaux avec l’arrivée de Theodore von Karman, un physicien et ingénieur américain d’origine hongroise qui décèdera en 1963, laissant désormais son nom au Laboratoire : "Institut von Karman de dynamique des fluides", toujours en activité.

"Louis Blériot, l’impossible traversée", à voir dans "Retour aux sources", samedi 19 novembre à 20h35, sur La Trois.

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