Pourquoi cette succession d’accords, cette humble mélodie de basse obstinée tellement reconnaissable qu’est la folia aiguise-t-elle l’imagination de tant d’artistes, musiciens, compositeurs, depuis des siècles ? Céline Scheen nous emmène dans ses réflexions dans La passion selon.
Cette mélodie est probablement la plus populaire qui soit. Un thème simple qui s’est glissé sous des milliers de mains à travers le temps.
Le plus grand tube de la musique baroque
La Folia, appelée Follia en italien, ou Folie d’Espagne en France, apparaît au XVe siècle dans la péninsule ibérique, tout d’abord au Portugal, et puis en Espagne.
Chez Gil Vicente, père du théâtre portugais et musicien, on retrouve dans certains poèmes des textes descriptifs, dans lesquels la folia est associée à des personnages populaires, bergers ou paysans, qui dansaient et chantaient avec passion et énergie. La folia signifie d’ailleurs "amusement débridé" et "folie" en portugais.
L’origine précise d’un air populaire est toujours très floue.
La première publication de l’air de la folia, dans le "De Musica libri septem" de Francisco de Salimas, date de 1577. Mais le thème est plus ancien encore puisqu’on en retrouve une variante à la fin du XVe siècle dans la chanson de Berger Rodrigo Martinez du Cancionero de Palacio.
Cette progression de l’accord créant cette mélodie lancinante et très reconnaissable est apparue dans les sources musicales près d’un siècle avant la première utilisation documentée du nom "Folia".
Par la suite, la Folia se propagera frénétiquement en Italie, en France, puis en Angleterre et même en Allemagne.