Les noms cités dans cet article ont été modifiés, les personnes interrogées n'ont pas souhaité paraitre sur les photos.
La voiture s’arrête au poste frontière de Mutivoda à l’Est du Kosovo, direction la Serbie. Au volant du véhicule, Fitim est albanais. Assise à côté de lui, Kristina est membre de la minorité serbe du Kosovo. Fitim présente sa carte d’identité kosovare. Kristina présente deux cartes d’identité. L’une indique son lieu de provenance, "Kosovska Mitrovica", une ville située au nord du Kosovo, près de la frontière serbe. L’autre est un document kosovar.
"Kosovska Mitrovica" est le nom que la Serbie continue de donner à "Mitrovica", Belgrade n'ayant jamais reconnu l'indépendance autoproclamée en 2008, de son ancienne province. Pristina impose désormais le nom de "Mitrovica".
Alors par précaution, Fitim et Kristina ont apporté leurs deux passeports, Kosovar et Serbe. Le contrôle au poste frontière n’a duré que quelques minutes. "Vous devez mettre les stickers", ordonne l’agent à Fitim. "Il y a un parking là-bas, où vous pouvez vous arrêter pour les coller".
L’agent de poste-frontière demande à Fitim de mettre des stickers blancs sur la plaque d’immatriculation pour cacher tous les signes faisant référence au Kosovo, le drapeau et les initiales RKS pour République du Kosovo. Un peu comme un cache sexe.
"Nous avons passé la frontière !", se réjouit Kristina, soulagée que Fitim soit entré en Serbie sans encombres.