Aviation : "C’est un engagement ferme d’être neutre carbone à 2050", promet Étienne Pourbaix

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Par Cynthia Deschamps, d'après le Dossier de la rédaction de François Heureux

Même si les chiffres de l’épidémie repartent à la hausse, le tourisme à l’étranger reprend des couleurs. De nombreux Belges ont réservé un voyage au soleil pour le congé de Toussaint. C’est donc aussi la reprise pour le secteur aérien.

"Nous sommes maintenant revenus au niveau de Toussaint 2019", se réjouit Sarah Saucin, porte-parole de Tui. "Nous avons cette année moins de destinations, mais plus de voyageurs, donc c’est vraiment très positif. C’est un bilan auquel on ne s’attendait pas forcément vu que les réservations sont arrivées ces dernières semaines, mais les Belges réservent encore. On attend d’ailleurs encore des réservations cette semaine pour partir à la fin de la semaine."

Malgré l’actualité climatique, la porte-parole ne ressent pas d’hésitation pour l’avion parmi ses clients. "Nous proposons aussi des vacances en voiture qui ont pas mal de succès pour ces vacances de Toussaint", explique Sarah Saucin, "mais c’est surtout les vacances en avion qui ont pas mal de succès pour les destinations ensoleillées, évidemment."

Les vols intercontinentaux toujours très faibles

Du côté du pôle aéronautique wallon Skywin, son directeur Étienne Pourbaix juge que le secteur aérien n’a pas encore tout à fait repris les chiffres de 2019.

"Mais quand on regarde les situations qui se passent dans d’autres continents, par exemple en Asie, en Chine, et même aux États-Unis et sur tout le continent nord-américain, on est actuellement dans une situation où ils sont revenus, pour les vols domestiques, donc les vols intercontinentaux, à une situation au moins équivalente à celle de 2019, donc avant la crise Covid", observe Étienne Pourbaix. "L’Europe s’en rapproche, en tout cas pour les vols intra-européens."


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"Par contre, ce qui est toujours très faible, ce sont les vols intercontinentaux, donc les vols entre l’Asie et l’Europe ou entre l’Europe et les États-Unis ou l’Amérique du Sud, principalement pour des raisons liées au fait que ces vols ne sont pas encore tout à fait autorisés ou que certains pays sont encore fermés aux autres continents", ajoute le directeur de Skywin. "Mais la reprise sur les vols domestiques, donc moins de 3000 kilomètres, est très nette."

Enjeux climatiques

La COP26 aura lieu à Glasgow dans une semaine et avec elle, une remise en question probable de nos modes de transport.

Selon Étienne Pourbaix, le poids de l’aviation dans les productions des gaz à effet de serre est moins important que ce qu’on en dit. "Si on regarde les chiffres européens de 2019, puisque ça n’a pas beaucoup de sens de prendre les chiffres de 2020 vu l’effet Covid, on est à 3-3,2% de création d’effet de serre due au trafic aérien, ce qui est tout à fait comparable à ce qui se passe au niveau maritime. Et si je prends l’équivalent aux transports terrestres, que ce soit les voitures ou les camions, on était à 19%. C’est donc évidemment beaucoup trop, 3%, ça reste beaucoup trop, mais ça n’est que 3% de ce que l’Europe produit."


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Pour réduire ces gaz à effet de serre, des engagements fermes ont été pris pour l’avenir.

"Ça veut dire qu’il y a eu des réunions de IATA, l’Organisation internationale du trafic aérien qui chapeaute toutes les compagnies aériennes dans le monde, et jusqu’à maintenant, ils s’étaient fixés des objectifs, des ambitions, etc.", résume le directeur de Skywin. "Il y a eu une réunion à Boston début octobre, en préparation à la COP, et là c’est un engagement ferme du secteur. Ce n’est plus une ambition, c’est un engagement ferme d’être neutre carbone à 2050. Tout le secteur aérien civil s’est engagé et toutes les compagnies aériennes suivent pour être neutres carbone en 2050."

Créer un avion "vert"

Plusieurs technologies sont évoquées dans ce rapport qui a été approuvé et signé par tout le monde à Boston.

"En fait, 65% de l’effort serait fait grâce à ce qu’on appelle les SAF, les sustainable aviation fuel, donc en gros des fiouls synthétiques qui remplaceraient le kérosène. Ça a le gros avantage d’être neutre carbone", dit Étienne Pourbaix.

D’où viennent ces fiouls ? "Ce serait via des biomasses ou via de la création au sol de carburants sur base d’hydrogène vert. Il y a des plans tout à fait sérieux qui sont disponibles. Ça permettrait évidemment de ne pas devoir changer fondamentalement toute la flotte, parce que le problème est qu’on parle beaucoup de l’avion-hydrogène. D’abord, les premiers prototypes volants de l’avion-hydrogène sont annoncés en 2035, mais ça ne concernera dans un premier temps que les avions à courte distance. Et de toute façon, même si un avion-prototype existe en 2035, la flotte ne sera pas entièrement remplacée d’un claquement de doigts."

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