Tel un vrai routinier, Philipsen a donc su surmonter sa déception de la Grande Boucle pour la transformer en motivation supplémentaire. La preuve d’une immense force mentale ? "Oui, mais également d’une force physique, selon moi. Terminer un Grand Tour, c’est quelque chose qu’il ne faut pas sous-estimer. Il a su faire le vide de ce point de vue là et recharger les batteries pour se refocaliser sur la Vuelta. Peut-être que les championnats du monde vont suivre. Je ne suis pas sélectionneur donc je ne sais pas s’il va être sélectionné ou pas, mais il toque franchement à la porte. C’est quelqu’un de vraiment ambitieux, c’est un gagnant. Il n’est jamais satisfait avec une 2e ou 3e place et il va travailler pour arracher ces victoires."
Désormais détenteur du maillot vert de meilleur sprinteur, Philipsen ne sait pas encore s’il en fera un objectif sur cette Vuelta 2021. Mais à terme, au vu de son talent, ne peut-il pas légitimement viser cette vareuse verte lors de tous les Grands Tours auxquels il participe ? "C’est difficile à dire" tempère Merckx. "Il a une bonne pointe de vitesse. On a vu sur le Tour qu’il a les capacités physiques pour finir un Grand Tour. C’est un coureur qui a énormément de talent, qui n’a pas brûlé les étapes et a accepté de se développer à son rythme. A 23 ans, avoir déjà 3 victoires d’étapes sur la Vuelta, ce n’est que prometteur pour la suite. Il n’est pas loin de l’élite mais pour dire qu’il fait vraiment partie des tout meilleurs, il devrait peut-être gagner une étape sur le Tour de France. C’est là où tous les sprinteurs sont là avec leur train etc. S’il parvient à arracher une étape ou deux, on pourra vraiment le classer parmi les plus grands. Mais au vu de son âge, c’est déjà pas mal du tout."
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Au service de Tim Merlier pendant les premières étapes du Tour (avant l’abandon de son coéquipier), Philipsen n’a pas toujours su jouer sa carte depuis le début de sa carrière. La formation Alpecin-Fenix, où il doit parfois endosser le rôle ingrat de coéquipier de luxe, est-elle donc la structure idéale pour favoriser son épanouissement personnel ? Axel Merckx en est persuadé : "Il y a toujours de la place pour deux ou trois grands sprinteurs au sein d’une même équipe. Il y a beaucoup de courses dans une saison, s’ils se mettent d’accord entre eux et qu’ils sont honnêtes, c’est normal de parfois jouer une carte par rapport à l’autre. On sait très bien qu’un sprinteur seul ne peut pas porter une équipe pendant toute une année. Le mérite en revient, donc encore davantage à Alpecin d’avoir su attirer deux grands sprinteurs qui peuvent jouer sur plusieurs tableaux."
Avec ces victoires personnelles qui pleuvent depuis quelques mois, Philipsen commence réellement à se faire un nom au plus haut niveau. Résulat, les grands titres qui le comparaient à Tom Boonen, refleurissent un peu partout. Une ineptie selon Merckx, qui tient à comparer ce qui est comparable : "Pff, d’abord c’était le nouveau Museeuw puis le nouveau Boonen. On a toujours tendance à comparer les grands champions qui arrivent. C’est un coureur particulier qui a une belle pointe vitesse mais qui doit encore évoluer à plusieurs niveaux pour atteindre le niveau de Boonen. On ne va pas commencer à comparer ce qui n’est pas comparable. C’est déjà formidable d’être à ce niveau à son âge. Espérons qu’il parvienne à tirer son épingle du jeu dans les Classiques. Moi je pense qu’il en est capable, mais le futur le dira."
Dès l’année 2022 ?