Entrez sans frapper

'Azincourt par temps de pluie', Jean Teulé se moque de la plus grande défaite des Français

Bataille d’Azincourt, 25 octobre 1415

© Domaine public

Fleur de Lys. L’emblème des Rois de France. C’est pourtant le surnom donné à une 'pute à soldats' officiant sur le site de la bataille d’Azincourt. Nous sommes en 1415 en pleine guerre de cent ans. Cette bataille pas comme les autres va sonner le glas de la chevalerie.

Fleur de Lys : Au fait, c’est pourquoi cette bataille ?

Le Chevalier lui répond : On veut empêcher les Anglais de rentrer chez eux.

Fleur de Lys : Vous préféreriez qu’ils restent en France ?

Le Dernier roman de Jean Teulé, ‘Azincourt par temps de pluie’, relate l’affrontement le plus stupide de l’Histoire. Les Anglais ont débarqué en août 1415, et ont pris la ville d’Harfleur. Calais est déjà une colonie anglaise. Les habitants qui sont prêts à servir le Roi d’Angleterre sont autorisés à rester. Henri V veut l’étendre. Mais la saison est trop avancée pour envisager de poursuivre en direction de Paris. Le climat est très pluvieux, les vivres manquent, l’armée est à bout de souffle, frappée par la dysenterie. La décision est prise de rejoindre Calais et l’Angleterre. Mais c’est sans compter sur les Français. Sur leur orgueil.

Cette bataille n’aurait pas dû avoir lieu

Jean Teulé nous raconte non sans humour le contexte absurde dans l’émission 'Entrez sans frapper' : " C’est la bataille la plus bête de l’histoire de l’humanité. La noblesse française a été d’une connerie incroyable. Ils étaient tellement arrogants, sûrs d’eux. Ils étaient trente mille en pleine forme, armés jusqu’aux dents, en armures rutilantes, face à six mille Anglais malades. Lors du franchissement de la baie de la Somme, les Anglais affamés ont mangé des moules qui étaient avariées. L’épidémie de dysenterie a été foudroyante et a entraîné la mort de vingt mille soldats. Cette bataille n’aurait pas dû avoir lieu. Il n’y avait aucune raison de la faire, il n’y avait rien à gagner."

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Face à la puissance de l’armée française, le Roi d’Angleterre envoie un émissaire : Henri V est prêt à rendre Harfleur fraîchement conquise et même Calais ! Tout ce que les English veulent, c’est rentrer au 'Home, sweet home'. En réponse, la France déploie une oriflamme dont la signification est sans équivoque : "Nous ne ferons aucun prisonnier, nous vous tuerons jusqu’au dernier. "

Toutes les armées du monde ont, un jour ou l’autre, pris la pâtée, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s’impose : grandiose !

Alors que la victoire semblait acquise, les Français vont enchaîner les erreurs stratégiques avec les péchés de vanité. Les Chevaliers se pressent en première ligne pour s’attirer les honneurs, ils seront les premières victimes du massacre. Jean Teulé nous résume ce tournant dans l’Histoire militaire : "La bataille a duré trois heures. Trois heures, dix mille morts ! Tout 'à la ferraille', pas une arme à feu ! […] Toute la chevalerie Française est morte à Azincourt, la noblesse a été complètement décimée. Ça a été la fin d’une époque. Le roi de France était ‘Le Fol', Charles VI. Il avait une maladie mentale appelée ‘ L’illusion de verre' car il croyait être fabriqué de verre. Finalement c’est son armée entière qui a volé en éclat le 25 octobre."

Une relecture de l’Histoire qui fait marrer

L'écrivain français Jean Teulé

Jean Teulé est un habitué des récits historiques. ‘Fleur de Tonnerre’, ‘Charly 9’, ‘Héloïse, ouille !’, durant trente ans, son écriture nous a fait voyager au travers les époques. Précédemment auteur de BD, réalisateur en télévision et cinéma, son sens de l’image et de la narration donne de la truculence à ses récits. Qu’est qui le pousse à remonter le temps régulièrement ? " J’aime bien écrire des romans historiques pour me décoller de la réalité. La période actuelle n’est pas terrible, l’avenir se présente très mal, ça me décolle de me retrouver dans une autre époque. Et puis j’essaye de raconter tout cela en mettant de l’humour parce qu’une bataille de dix mille morts, normalement on a de la compassion, tandis que là on en peut que se marrer parce qu’on se dit, ce n’est pas possible d’avoir été aussi con, et que finalement c’est bien fait pour eux. "

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