Armel Roussel, artiste partenaire du Théâtre Varia, s’empare de la pièce Baal de Bertolt Brecht pour sa dernière création. A voir au Théâtre Varia du 17 novembre au 2 décembre.
Au sortir de la Grande Guerre, Bertolt Brecht a tout juste vingt ans. Profondément marqué par l’ivresse dévastatrice dans laquelle l’Europe s’est précipitée, il écrit Baal, comme une réponse sanglante à un siècle naissant et déjà condamné. Tout au long de sa vie, Brecht fut hanté par l’écho scandaleux de sa première pièce. Jusqu’à sa mort, il ne cessa de remanier ce texte qui, aujourd’hui encore, se détache comme une parenthèse brutale et dissonante, au sein de l’œuvre de l’un de nos plus grands auteurs de théâtre.
Brecht a 19 ans quand il écrit ce premier texte. C’est vraiment une pièce de jeunesse très différente du reste de son œuvre. J’ai souvent été́ attiré par les premiers écrits parce qu’ils sont encore bouillonnants, parce qu’il y a encore un côté très brut, très pulsionnel dans l’écriture et en même temps, très poétique.
Armel Roussel, metteur en scène
En choisissant de se confronter à la deuxième version de Baal, datée de 1919, Armel Roussel s’empare du nihilisme violent et sauvage du jeune Brecht. Il nous invite à suivre l’errance tragique d’un poète en rupture totale avec le monde qui l’entoure. Ivre d’alcool, de sexe et de sang, Baal apparaît comme une figure chaotique de la dévoration. Broyant l’existence de tous·tes celleux qui croisent sa route, il plonge peu à peu dans les noirceurs de l’âme et s’enfonce dans la nuit, seule à même de mettre un terme à sa course effrénée vers la destruction.
Depuis ses débuts, Armel Roussel n’a cessé de puiser son inspiration dans les textes de répertoire, qu’il confronte aux enjeux contemporains. Son goût des classiques est électrisé par la modernité de sa démarche esthétique. Généreux et impudique, souvent provocant mais toujours sincère, son théâtre agit comme une déflagration, qui met les œuvres en mouvement. Nous sommes impatient·es de le retrouver au Varia, avec cette nouvelle création autour d’un thème qui a jalonné son parcours artistique : la course effrénée d’une jeunesse chaotique, qui noie son désir d’absolu dans les fureurs de la destruction.
Théâtre Varia – 78, rue du Sceptre – 1050 Ixelles