L’univers du streaming et du direct est propice au sexisme. "Les femmes sont largement minoritaires sur Twitch. 65% de sa population sont des hommes. Sur les cent premières streamers.euses, il n’y a que trois femmes", explique Chloé_live, de Stream’her. "Le direct permet aussi aux harceleurs de voir les réactions en direct, de nous voir déstabilisées, c’est ce qu’ils cherchent", continue-t-elle. Twitch a donc mis en place certains mécanismes pour protéger les streameuses des viewers. "La plateforme prend en compte le sexisme et essaie de nous protéger en supprimant automatiquement des messages contenant des mots insultants, par exemple. Il existe également un nouveau mode 'bouclier' contre les raids (ndlr : assaut massif de viewers en direct contre un·e créateur·trice de contenu dans le but de nuire)", explique-t-elle. Cependant, un harcèlement qui commence sur Twitch a bien des chances de continuer sur Twitter, où il est quasiment impossible pour les streameuses de filtrer les attaques sexistes.
Il serait intéressant que les plateformes mettent en place des formations pour aider à gérer une communauté. C’est un métier et ça s’apprend
S’il existe des outils pour protéger les créateur·trices de contenu, les moyens pour protéger le public de ces derniers semblent, eux, plus limités. Il existe évidemment des chartes sur les deux plateformes, qui, si elles ne sont pas respectées, peuvent entraîner des sanctions allant jusqu’à une suppression de certaines vidéos, voire de la chaîne. Les conditions d’utilisateurs de Twitch stipulent par exemple qu’il est interdit de créer, télécharger, transmettre, diffuser ou stocker tout contenu inexact, illégal, contrefait, diffamatoire, obscène, pornographique, portant atteinte à la vie privée ou aux droits à la publicité, harcelant, menaçant, abusif, incendiaire ou autrement répréhensible. "Les créateurs de contenu n’ont pas conscience du rôle qu’ils ont à jouer et de l’influence qu’ils ont sur les gens qui les regardent. Il serait intéressant que les plateformes mettent en place des formations pour aider à gérer une communauté. C’est un métier et ça s’apprend”, embraye Chloé_live.
Depuis 2018, Youtube s’est également donné la possibilité de bloquer les revenus publicitaires générés par les vidéos. Selon une information de l’AFP, l’entièreté de la chaîne Norman fait des vidéos a d’ailleurs été démonétisée. La plateforme songerait à en faire de même pour la chaîne du youtubeur Léo Grasset. "Nous considérons le harcèlement sexuel, sous toutes ses formes, comme inacceptable", a déclaré un porte-parole de l’agence de presse. "Si nous constatons que le comportement d’un créateur, sur YouTube ou en dehors, nuit à nos utilisateurs, à notre communauté, à nos employés ou à notre écosystème, nous prenons alors des mesures supplémentaires pour les protéger", a clôturé le porte-parole.
Rares sont les plaintes pour violences sexuelles qui donnent lieu à des poursuites judiciaires. Du côté des créateurs de contenu, tous nient avoir participé à quelconque corruption de mineure. Norman Thavaud a été libéré le lendemain de sa mise en garde à vue sans poursuites à ce stade. Il ne s’est pas encore exprimé publiquement. Léo Grasset a quant à lui répondu aux accusations dans une vidéo dans laquelle il déclare : "J’ai une vie amoureuse parfois bordélique, et il m’arrive aussi de faire parfois des blagues de gros beauf mais l’article [de Mediapart] dresse un portrait de moi qui est malhonnête ; il construit un personnage toxique à coups d’insinuations et de citations tronquées", contestant notamment avoir violé une jeune femme en 2016.