Monde

Barack Obama fête ses 60 ans : un ex-président à la vie (toujours aussi) bien remplie depuis bientôt cinq ans

L’ancien président américain fête ses soixante ans ce 4 août

© AFP/BELGA

Deux mandats présidentiels et soixante étés au compteur pour Barack Obama. L’ancien président de la première puissance mondiale, qui est né le 4 août 1961, devrait fêter dignement l’événement ce week-end sur une île du Massachussetts. Des agapes en plein air rassemblant quelque 500 personnes sont prévues sur Martha’s Vineyard, où le couple Obama possède une propriété. Achetée en 2019, le coût de celle-ci a été estimé à 11,75 millions de dollars par les médias locaux.


A lire aussiL’organisation de la fête d’anniversaire de Barack Obama suscite des critiques


 

Un communiqué de la Maison-Blanche, selon le Guardian, indique que : "La liste des invités comprend un grand nombre de membres de la famille et d’amis pour marquer l’occasion. L’événement privé sera payé avec les fonds personnels de la famille". Une fête, suscitant une polémique liée au coronavirus, et qui pourrait bien voir défiler quelques personnalités que le couple a l’habitude de côtoyer, comme Oprah Winfrey ou George Clooney.

Barack Obama, le 2 novembre 2020
Barack Obama, le 2 novembre 2020 © AFP

Barack Obama en 2008, 2012 et 2017

On se souvient du changement physique observé sur le visage du président des Etats-Unis entre le début de son premier mandat et la fin de son second. Huit ans ou l’évolution naturelle, mais surtout l’exercice du pouvoir avaient marqué les traits et la couleur de cheveux de Barack Obama. Deux mandats intenses pour le démocrate et Prix Nobel de la paix 2009.

Le couple Melania et Donald Trump, aux côtés de Barack Obama, lors de la cérémonie d’investiture de janvier 2017.
Trump, Obama, Clinton, Carter et leurs épouses lors des funérailles de Georges Bush (Père) le 5 décembre 2018.
6 avril dernier

20 janvier 2017

20 janvier 2017. La main passe. Des Démocrates aux Républicains. De l’avocat de Chicago au businessman new-yorkais. L’ère-Trump s’ouvre. L’Amérique est profondément divisée.

Quelle vie pour l'ex-président depuis sa "retraite"?

Ce n’est pas peu dire que le démocrate aux deux mandats n’est pas plus heureux que cela de voir le Bureau ovale investi par un homme qui veut détricoter absolument tout ce qu’il a initié en huit ans. La haine du milliardaire envers le clan démocrate est tenace. Mais Barack Obama ne mettra pas de l’huile sur le feu. Pas tout de suite. Il va d’abord se mettre en retrait. Un grand besoin d'air. Et de partir sous d'autres cieux...

Kitesurf chez Richard Branson dans les Iles Vierges britanniques, le 1er février 2017
Kitesurf chez Richard Branson dans les Iles Vierges britanniques, le 1er février 2017 © 2017 Jack Brockway -Getty

Le repos du guerrier

Ce seront d’abord quelques bons mois de vacances. Obama va alors s’accorder une vraie pause. Globetrotteur seul ou en famille, il savourera sa retraite en compagnie aussi de personnalités. On le verra ainsi en Polynésie avec Bruce Springsteen, dans les Antilles avec Richard Branson, ou sur les bords du lac de Côme avec George Clooney… 

C'est que le natif d'Honolulu a du temps à rattraper, notamment auprès de ses deux filles, Malia et Saha. "Les filles et Michelle ont fait beaucoup de sacrifices à cause de mon idée farfelue d'être candidat à la présidence", disait-il en 2013 sur la chaîne ABC.   

Rafting en famille à Bali, le 26 juin 2017
Rafting en famille à Bali, le 26 juin 2017 © AFP

Barack fait de l’immobilier

Un retour tout d’abord… à Washington. Après avoir investi la Maison-Blanche, c’est dans la capitale fédérale que le couple a décidé de se domicilier. Leur fille cadette, Sasha, doit encore terminer son cursus scolaire. Continuer à résider à Washington est une première pour un ancien président depuis Woodrow Wilson (en 1921).Une maison dans les quartiers chics de la ville, qu’ils louaient auparavant et qu’ils ont décidé d’acheter, pour la bagatelle de 8,1 millions de dollars

Le couple a aussi acquis une demeure dans sa ville de coeur, à savoir Chicago. 

Le manoir de Martha’s Vineyard, où la fête a lieu pour les soixante ans de l’ex-président, a aussi été acheté en 2019. Et ce pour une somme proche de 10 millions d’euros, selon le Point. Une île très prisée que ce "vignoble de Martha". Ce coin de la côte avait déjà conquis comme lieu de villégiature par d’anciennes familles présidentielles (telles les Kennedy, les Clinton ou encore Ulysses Grant…).

Observateur avisé

Petit à petit, l’ancien chef d’Etat va à nouveau réapparaître… On dit qu’il rencontre divers chefs d’Etat en privé. On le voit dans diverses capitales mondiales. Des conférences (voir ci-dessous), des engagements pour le climat… Barack Obama fait de nouveau peu à peu parler de lui.

Comme notamment lors d’un hommage de Nelson Mandela, pour les cent ans de la naissance de son homologue Prix Nobel de la paix, en été 2018.

Il lance aussi des projets pour la jeunesse, comme au Kenya, où il retrouvera avec joie le pays où il a des origines. "C’est une joie d’être de retour avec des gens qui sont de ma famille et tant de gens qui prétendent être de ma famille", déclarera-t-il avec son sens de l’humour notoire.

Le conférencier

Obama restera cependant fort en retrait de la vie politique américaine. Trop, selon un grand nombre de démocrates, déboussolés par cette présidence Trump et son lot presque quotidien de frasques, de polémiques et de déclarations tonitruantes. Il ne peut plus briguer un autre mandat et semble ne plus s’investir dans le parti, à la différence d’un Bill Clinton qui poursuivit sa route dans les méandres démocrates après son départ en 2000.

Mais Obama va enchaîner les conférences. Grassement payées (on parle de sommes pouvant atteindre les 400.000 dollars par "prestation"), l’homme de Chicago va à nouveau parcourir la planète. A l’instar d’un Nicolas Sarkozy ou d’un Tony Blair, il engrangera les billets verts.

 

Présentation du projet lors d'une apparition à Chicago, le 03 mai 2017

Ce magot, ainsi que celui collecté lors de "tournées des milliardaires" qu’il a multipliées, va servir notamment à alimenter la fondation qui porte son nom. Et à réaliser un de ses rêves. Celui-ci se nomme l’Obama Presidential Center. Un campus qui devrait entrer en fonction sous peu, sis dans le sud de Chicago, non loin du quartier où a grandi son épouse. Une tour au design futuriste, où devraient notamment être formées les leaders du futur. Des politiques que l’ancien président voudrait progressistes et prêtes à contrer les populismes qui montent un peu partout sur la planète.

Pour réaliser cet objectif, il lui faudrait en poche de 500 millions à un milliard de dollars.

Le lieu n’a rien d’anodin. Chicago, c’est leur ville, à Michelle et à lui."C’est là où j’ai trouvé une forme d’idéalisme, c’est là où j’ai rencontré ma femme, là où mes enfants sont nés", avait-il expliqué en 2008.

Le producteur

Le couple Obama s’engage aussi dans la production. En mai 2018, ils disent se lier à Netflix, via la société de production Higher Ground Productions. Le but ? Réaliser des films, documentaires et séries qui permettent aux spectateurs une certaine "élévation" et une ouverture aux autres. Le président retraité déclarait ainsi : "Nous espérons cultiver et aider à s’affirmer les voix de talent, sources de créativité et d’inspiration qui promeuvent davantage d’empathie et de compréhension entre les peuples".

Le premier film à être sorti des cartons est "American Factory", en 2019. Le documentaire se penche sur l’histoire d’ouvriers d’une usine automobile en pleine tourmente après la crise des subprimes.

Les Obama s'engagent avec Netflix pour produire des séries, films et documentaires

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Retour par petites touches…

Sur la scène politique américaine, la discrétion restera un temps de mise. A propos de son successeur, il ne se prononcera qu’à quelques reprises. En 2017, les deux hommes, alors au top de leur popularité, se détestent viscéralement.

Archive du journal télévisé du 13 octobre 2017

Tandis que Donald Trump prend un malin plaisir à continuer de dénigrer son prédécesseur dès qu’il le peut, Barack Obama va peu à peu sortir de sa réserve. Sans jamais le citer nommément, dans des discours de soutien à des candidats démocrates, ou lors de l’éloge funèbre de John McCain, il égratigne le pouvoir en place. "On est au XXIe siècle, pas au XIXe", dira-t-il dans le New Jersey ou encore :"Si pour remporter une campagne, on doit diviser la population, alors on ne sera pas capable de la gouverner", lors d’un meeting de soutien en Virginie, en octobre 2017.

Loading...

S.O.S Barack

On sent que ça démange de plus en plus l'ancien président... Son combat pour contrer les populismes au niveau mondial va aller de pair avec quelques prises de position. Comme lorsqu’il soutiendra Emmanuel Macron qui était face à Marine Le Pen lors du second tour de l’élection présidentielle française de 2017. "La réussite de la France importe au monde entier", dira-t-il.

Sur le plan intérieur, les déclarations vont tout de même peu à peu, se succéder. L’ancien président a beaucoup de mal avec la politique du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Et son avis, il le sait, compte toujours énormément.

Archive JT du 8 septembre 2018

Barack Obama sort de sa réserve concernant Donald Trump

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Bientôt vient le temps de penser à la campagne 2020. Le parti démocrate semble un peu désappointé quant à son champion, entre une jeune garde progressiste (à l’allant indéniable mais à l’expérience encore fragile), un Bernie Sanders plus que clivant, une Elizabeth Warren et un Joe Biden, âgés, ténors politiques aguerris mais ne semblant pas apporter de véritable vent de fraîcheur. C’est que la montagne à gravir ne peut qu’effaroucher : contrer le verbe ravageur et le populisme railleur d’un Donald Trump qui semblait partir déjà victorieux.

Qui pour aller affronter le milliardaire ? On parle aussi d’une candidature de Michelle Obama, très populaire. Elle n’aura pas lieu.

Dans la course à l’investiture démocrate, beaucoup vont chercher à s’allier le soutien du dernier président démocrate. Mais ce dernier ne se rangera aux côtés de personne. On dit qu’il prodigue néanmoins des conseils à certains, mais en privé.

Après que Joe Biden, son ancien vice-président – qui déclarera ne pas avoir sollicité le soutien de Barack Obama- sera auréolé de l’investiture du parti de l’âne, les choses vont changer. Et Obama va s’engager.

L’ex-président des Etats-Unis le 26 septembre 2018
L’ex-président des Etats-Unis le 26 septembre 2018 © AFP/BELGA

Campagne 2020 : Obama sort les griffes

Ce sera Biden en tête de gondole. Et il faut maintenant convaincre. Notamment les supporters de Bernie Sanders, plus à gauche, souvent plus jeunes et davantage issus des communautés afro-américaine et hispanique. 

Et le duo Biden-Obama va se distribuer les rôles. L’ancien vice-président ne cessera de prôner l'"unité", se désignant comme le re-bâtisseur de la nation divisée. L’ancien président, lui, va se charger d’attaquer Trump plus directement, comme le souligne le Courrier international. Rôle qu’il prendra très au sérieux. Il estime que "le feu doit être combattu par le feu" selon le Washington Post.


A lire aussi : Barack Obama à la convention démocrate : Donald Trump n’a "jamais" pris son rôle au sérieux


 

L'ancien président américain le 3 novembre 2020

Il va tirer à boulets rouges, comme lors de la Convention démocrate, en août 2020. Depuis quelques mois, la crise du Covid-19 fait des ravages dans une Amérique torturée. Et de parle de la présidence Trump comme d'un véritable "échec": "Les conséquences de cet échec sont graves : 170.000 Américains morts, des millions d’emplois perdus, nos pires instincts libérés". Obama veut donner l'impulsion. Et mener les bonnes volontés aux urnes. Il martèle : "Ne les laissez pas emporter votre démocratie!" L'ancien président attaquera Trump jusqu'au jour fatidique. "Tweeter en regardant la télévision ne résout pas les problèmes" ,"Ce n'est pas la télé-réalité, c'est la réalité!"

Barack Obama a également toujours brillé sur les réseaux sociaux. De plus il reste pour beaucoup un gage de sagesse et de vérité. Il sait parler aux jeunes. Avec élégance et décontraction. Et une énergie à toute épreuve. Sur tous les supports et tous les médias, il ne ménagera pas ses efforts.

Ne les laissez pas emporter votre démocratie !

Donald Trump ne resera pas en reste et continuera de charger Obama au bazooka. Mais l’effet de surprise de cette parole trumpienne revancharde et tout en excès est éventé depuis quatre ans. Et Trump est, depuis, aux affaires. Le "ticket" Biden-Harris, secondé avec fougue par Obama, va faire des étincelles. Et emporter la partie d’une campagne électorale d’une violence verbale extrême. Barack Obama est sorti de sa réserve, et a été très loin. La chose est notable, et rare dans le chef d’un ancien président.

Masque et énergie pour Barack Obama, à Detroit, le 1er novembre 2020. "Dont' boo. Vote !" – "Inutile de huer. Allez voter !"
Masque et énergie pour Barack Obama, à Detroit, le 1er novembre 2020. "Dont' boo. Vote !" – "Inutile de huer. Allez voter !" © AFP

Joe Biden et Kamala Harris sont à présent désignés à la manœuvre. Mais la chose n’est pas encore gravée dans le marbre pour Trump et ses partisans. Et le 6 janvier 2021 advient un coup de tonnerre dans la démocratie américaine : l’assaut des partisans du président perdant sur le Capitole. A l’instar d’un grand nombre de personnalités américaines ou d’autres coins de la planète, la condamnation est radicale : "L’histoire se souviendra des violences aujourd’hui au Capitole, encouragées par un président qui a menti sans relâche sur l’issue d’une élection, comme un moment de déshonneur et de honte pour notre pays".

Un moment de déshonneur et de honte pour notre pays

Le 20 janvier 2021, Joe Biden prend ses fonctions de 46e président des Etats-Unis. Il échangera un salut poing contre poing avec Barack Obama, crise du Covid oblige. Ce qui n’empêchera pas une franche accolade. Le nouveau président élu, très proche de Barack Obama, se posera en rassembleur, et marchera dans les traces de son prédécesseur.

L’administration est à nouveau dans les mains démocrates. On imagine le soulagement de Barack Obama.

Intronisation (chaleureuse) de Joe Biden à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2021.
Intronisation (chaleureuse) de Joe Biden à la Maison-Blanche, le 20 janvier 2021. © AFP

L’écrivain

Un grand moment de "la vie d’après" de Barack Obama résidera aussi en la sortie en librairies du premier tome de ses mémoires. Le livre "Une terre promise", sorti en novembre 2020 (le mois de l’élection présidentielle) a mis du temps à être écrit. Alors que son épouse Michelle avait créé un véritable succès d’édition avec "Becoming" ("Devenir"), deux ans auparavant -et ses plus de 10 millions d'exemplaires vendus-, la barre était mise haute pour l’ancien président. Et ce dernier a pris son temps.


A lire aussi : Michelle et Barack Obama : un couple à qui tout semble réussir


 

Ecrit seul, avec l’aide de blocs-notes de couleur jaune (les mêmes que lorsqu’il était aux commandes de l’Etat), il s’est appliqué. Excellant dans l’exercice du "storytelling", le bouquin se lit un peu comme une série.

Saluée par la critique, "Une terre promise" a été un véritable succès d’édition. Le livre est arrivé premier des ventes aux USA en 2020 (avec 2,6 millions d’exemplaires vendus). En Europe aussi, l’ouvrage est un phénomène d’édition. Un deuxième tome serait en route – le premier se termine après la mort d’Oussama Ben Laden, en 2011-.

Pour les parutions de leurs deux ouvrages, le couple Obama aurait reçu 65 millions de dollars de la maison d’édition (soit plus de 61 millions d'euros). Un des contrat les plus lucratif de l'histoire, selon le Financial Times

Livre de Barack Obama : succès littéraire et financier

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Tous ces contrats d’édition, le montant de la retraite présidentielle (fixée par le Congrès à 207.800 dollars par an en 2017, à titre indicatif), les conférences et autres royalties permettent au couple Obama un train de vie plus qu’aisé. Le journal Le Monde estimait fin 2019 le bas de laine présidentiel à une bagatelle qui va de 40 à 135 millions de dollars.

Notons que le duo de choc, s'il gagne beaucoup de devises depuis la retraite de Barack Obama, en donne beaucoup à des associations. Comme il l'avait fait du Prix Nobel de la Paix, en 2009.

Encore pourvu d’une influence plus que notable – après avoir été classé premier selon Forbes, il y a quelques années — dans la vie politique transatlantique et mondiale, Barack Obama s’apprête donc à célébrer ses soixante ans dans sa résidence de la côte est.

Dans cet été ou la première puissance mondiale est à nouveau dirigée par le parti Démocrate et où résonneront peut-être quelques notes de chansons tirées de sa playlist musicale, que ce communicateur hors pair a dévoilé récemment.

Loading...
Barack Obama dans les Caraïbes, en 2017
Barack Obama dans les Caraïbes, en 2017 © 2017 Jack Brockway

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous