Comment avez-vous vécu la sortie chamboulée de votre dernier roman ?
Barbara Abel : "Je me dis que c’est comme. J’essaye de rester très philosophe et de ne pas développer de mépris ou de rancœur. Je suis une parmi des centaines de milliers de personnes. Ce n’est vraiment pas de chance. Il a vécu une semaine en librairie. Les ventes étaient magnifiques. Je me pose beaucoup de questions. Est-ce qu’il aura une seconde chance quand les librairies rouvriront ? Est-ce que les gens auront encore un budget à mettre dans des livres grand format ? Ce qui nous arrive nous échappe, et nous n’avions pas de prise là-dessus. On ne peut qu’attendre."
Lisez-vous beaucoup pendant cette période particulière de confinement ?
B.A. : "Je ne lis pas autant que je l’aurais cru. Les journées se suivent et ne se ressemblent pas. Ce qui est déboussolant durant ce confinement c’est que toutes les journées sont les mêmes et pourtant je n’arrête pas de m’activer. Je travaille le matin. Ensuite, il y a les tâches quotidiennes et avec deux ados c’est un peu apocalyptique. Je dépense plus d’énergie à leur demander de ranger que si je le faisais à leur place, mais je veux qu’ils participent. Je fais un peu de piano aussi."
Quel livre avez-vous enfin pris le temps de lire ?
B.A. : "Je lis actuellement La vie aux aguets de William Boyd que je connaissais de nom mais que je n’avais jamais lu. Je l’ai acheté aux Petits Riens. Il a une écriture qui me plaît beaucoup. Fluide, comme j’aime. C’est assez facile à lire, on se fait prendre malgré soi même si l’esprit tente de s’évader à cause de certaines inquiétudes…"
Comment gérez-vous cette période en tant qu’auteure ?
B.A. : "Je travaille chez moi en général sauf quand je suis en déplacement. J’ai beaucoup de facilité avec ça. Le gros changement, c’est que je ne suis plus du tout toute seule. J’ai des ados qui dorment jusque midi donc je travaille le matin. Je suis une mauvaise mère de ce côté-là, je ne vais pas les secouer (rires). Une fois qu’ils sont debout, ils ont toujours besoin de quelque chose et la bulle dans laquelle j’ai besoin d’être pour écrire est très fragile."
Le confinement vous inspire-t-il des histoires, des idées de futurs romans ?
B.A. : "Bien sûr, il m’inspire plein d’histoires. C’est tout à fait mon créneau en plus ! Par exemple, je me demande comment font les amants et les maîtresses. Et les voleurs ? Ils ont un manque à gagner monstrueux ! Je ne pense pas que j’écrirai sur le sujet parce que j’ai l’impression que beaucoup de livres sortiront et je me demande si les lecteurs auront envie de se replonger là-dedans. Par contre, ça m’intéresserait de le traiter au niveau humain, comme ce que je fais d’habitude."
Comment fait-on pour créer tout en étant enfermée chez soi ?
B.A. : "Je bosse sur la série pour la RTBF donc c’est différent de l’écriture de romans. Avant le début du confinement, nous avions déjà une structure, un fil conducteur. Actuellement, nous travaillons sur les personnages. Il n’empêche que ce travail demande de l’imagination. Mais comme nous en sommes à la troisième semaine de confinement, il y a une certaine routine qui s’est installée."