Enfin, pour être complet, il faut nuancer le cas de la région bruxelloise. Comme nous l’explique Bruno Van der Linden, professeur d’économie à l’UCLouvain et chercheur, "Bruxelles, une ville, ne devrait pas être comparée à des régions (Wallonie, Flandre, ou hors de la Belgique) mixant ville(s) et zones extra-urbaines."
Les taux de chômage sont systématiquement plus élevés dans les villes que dans leur région de référence. Dans un rapport de l’ONEM de janvier 2022 sur le taux de chômage dans la ville, l’Office national de l’emploi notait que "comme la création d’emplois au sein de la ville correspond moins souvent aux profils des demandeurs d’emploi locaux, le taux de chômage dans les villes reste relativement élevé".
Par ailleurs, le même rapport de l’ONEM indique que "les grandes villes et villes-centres sont généralement des pôles d’emploi, ce qui profite également aux habitants des régions environnantes". Et cela se vérifie à Bruxelles. En effet, plus de la moitié des 795.000 emplois disponibles en Région bruxelloise sont occupés par des Flamands et des Wallons :
- 259.000 emplois bruxellois occupés par des Flamands
- 144.000 emplois bruxellois occupés par des Wallons
Dans l’autre sens, peu de Bruxellois travaillent en Flandre (53.400) ou en Wallonie (23.210), ce qui veut dire qu’une partie du bon taux d’emploi flamand provient du nombre d’emplois disponible dans la capitale. À l’inverse, le score wallon serait encore moins bon si les emplois occupés par des Wallons à Bruxelles l’étaient par de Bruxellois.
Mais si les Bruxellois n’occupent pas ces emplois à Bruxelles, c’est surtout parce qu’ils ne conviennent pas aux profils recherchés par les entreprises bruxelloises. "Il y a une inadéquation entre l’offre et la demande. À Bruxelles, deux tiers des emplois sont des profils hautement qualifiés et cela augmente encore.
À l’inverse, le nombre d’emplois peu qualifiés a été divisé par deux", explique Jan Gatz, porte-parole d’Actiris confirmant ce que l’ONEM expliquait sur les profils des demandeurs d’emploi en ville. "À Bruxelles, le problème est donc souvent un manque de diplôme, de reconnaissance de diplôme ou un manque d’expérience pour ceux qui souhaitent travailler à Bruxelles, et un manque de mobilité pour ceux qui devraient travailler en périphérie." Raison pour laquelle autant d’emplois sont occupés par des Wallons ou des Flamands.
Autrement dit, le problème bruxellois est moins un manque d’emplois disponibles qu’un manque de qualification des demandeurs d’emploi.
Rappelons que le gouvernement fédéral s’est donné l’objectif d’atteindre un taux d’emploi de 80% à l’échelle du pays d’ici 2030. Ce taux national est de 72% actuellement.