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Liège

Basilique de Cointe, pourquoi ça coince ? On vous explique tout

Dossier Cointe

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Le projet de transformer la basilique de Cointe en centre d’escalade fait du bruit à Liège, mais aussi en dehors des frontières. Deux journaux britanniques ont consacré des articles à ce projet : le Times et le Sunday Telegraph.

Cette église est la partie religieuse d’un ensemble commémoratif de la première guerre mondiale. Ce mémorial et la basilique ont été payés par souscription publique. C’est de l’argent de citoyens, de parents, de veuves de soldats. Et pas seulement belges. C’est sur ça que les Anglais tiquent.

Le journaliste Dennis Abbott, qui a écrit l’article dans le Sunday Telegraph est lui-même un vétéran. Il a servi en Irak en 2003. Il se sent très concerné et il explique que transformer un monument commémoratif, ça ne va pas : "Je suis certain que beaucoup de lecteurs, et pas seulement ceux du Telegraph, mais beaucoup de gens en Grande-Bretagne en général, vont être très choqués qu’un mémorial construit avec l’argent de leurs grands-parents et de leurs arrière-grands-parents va être transformé en restaurant et centre d’escalade. Dans n’importe quel pays, ceci serait considéré comme une façon pas du tout appropriée de réaffecter le monument. Beaucoup de gens en Grande-Bretagne vont être très en colère. Je ne serais pas surpris que d’autres journaux britanniques s’intéressent à cette histoire. Et peut-être aussi des journaux français. Plus il y aura de gens au courant du projet, plus vous allez entendre de voix s’y opposer."

Pourquoi ? Parce qu’elle risque de crouler

La Basilique (qui n’est officiellement pas une basilique mais l’église du Sacré-Coeur et Notre-Dame de Lourdes) est en très mauvais état. Plus personne n’y allait pour la messe. Elle coûtait très cher à entretenir. Le ciment de parement est tombé par grandes plaques. Pour la cérémonie du centenaire de l’attaque allemande de 1914, quand la Belgique a reçu au mémorial de Cointe les présidents français, allemand, autrichien, et le prince William d’Angleterre, on n’avait rien trouvé de mieux comme cache-misère que de peindre des mouettes sur les briques nues.

Des mouettes peintes sur les briques nues
Des mouettes peintes sur les briques nues

Même si ces mouettes sont jolies, on peut se demander pourquoi la Basilique n’a pas pu être entretenue, alors que la tour juste à côté a été – très bien – rénovée, mais le fait est là et il a fallu en tenir compte. C’est pour la sauver que l’Eglise a choisi le projet "escalade".

"Cette église est prête à crouler" explique le vicaire général Eric de Beukelaer. "Bien sûr, en tant que prêtre, je préférerais que ce bâtiment reste une église, mais nous n’avons pas le moindre Franc à mettre dedans. Et pas parce qu’on ne veut pas, mais parce qu’on a trop d’autres besoins par ailleurs. Donc l’idée avait été de dire trouvons un autre projet, mais en même temps, remettons l’accent sur le lieu mémoriel en créant dans le chœur un espace mémoriel. Dans le fond, l’escalade, grimper vers les cimes, cela dit aussi quelque chose de la démarche spirituelle qui est quand même l’origine du bâtiment. Et en plus l’alpinisme réunit tous les peuples, donc la démarche de la paix est retrouvée. On trouvait qu’il y avait une belle cohérence." Notez que l’église est désacralisée depuis douze ans.

Une petite guerre civile à Cointe

Ça se passe sur l’un des groupes consacrés au quartier. On s’invective en des termes pas toujours très sympathiques : "grenouille de bénitier, tartuffe, demeurés en mal de sensations fortes." Certains se font bloquer, d’autres quittent le groupe. On a vu un architecte lié au projet intervenir dans la discussion sans se présenter comme tel, être découvert… et se faire vertement rabrouer. Une querelle de voisinage pour une basilique de la paix, ça a quelque chose de paradoxal. Il se chuchote que l’ambassade britannique a été mise au courant.

L’enquête publique sur ce projet de nouvelle affectation de la Basilique de Cointe en centre d’escalade et restaurant sera clôturée ce 24 mars.

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