Depuis 2019 et jusqu’au 31 mars 2023, les habitants de la Région flamande ont droit à une prime pour installer des batteries domestiques. Celles-ci permettent de stocker l’énergie produite par les panneaux solaires quand elle n’est pas consommée. Cette énergie stockée peut ensuite être utilisée, en soirée par exemple. Mais alors que ces batteries coûtent encore très cher aujourd’hui, aucune prime n’existe en Wallonie et à Bruxelles.
Or l’achat des batteries domestiques pourrait être bien utile pour faire face à la hausse des prix de l’électricité et garantir aux citoyens une autonomie en terme de production d’énergie.
Prime : jusqu’à 40% du montant total de l’achat
Une batterie domestique coûte environ 8000 euros pour une capacité de 10 kWh. La prime à l’achat d’une batterie domestique a été mise en place par la Flandre en 2019. Le montant de cette prime s’élève actuellement à 225 € par kWh pour les batteries domestiques d’une capacité allant jusqu’à 4 kWh. De 4 à 6 kWh, les citoyens reçoivent 187,5 € supplémentaires par kWh. Au-delà de 6 kWh, ce bonus est de 150 € par kWh, jusqu’à un maximum de 9 kWh. Le montant de la prime ne peut pas dépasser un montant total de 1 725 € ou 40% de la facture.
Ce système prendra fin le 31 mars prochain pour laisser place à une nouvelle compensation financière : la ministre flamande de l’Energie, Zuhal Demir (N-VA), a en effet annoncé vouloir doubler la prime pour l’installation d’un chauffe-eau thermodynamique. En attendant, le succès des batteries domestiques est au rendez-vous au nord du pays : en 2021, environ 18.000 dossiers ont été introduits pour obtenir cette prime et plus de 23.000 demandes ont été faites en 2022.
Une prime en Wallonie et à Bruxelles : rentable ?
En Wallonie comme à Bruxelles, aucune prime n’existe pour le moment. Si les citoyens wallons détenteurs de panneaux photovoltaïques bénéficient encore du compteur qui tourne à l’envers, les jours de ce mécanisme de compensation sont toutefois comptés. En 2024, plus aucune nouvelle installation ne pourra en profiter. Seuls les ménages wallons détenteurs de panneaux solaires avant le 1er janvier 2024 pourront encore en bénéficier jusqu’en 2030. Les batteries domestiques pourraient alors devenir fort utiles pour préserver une autonomie de production, sans passer par le réseau.
A Bruxelles, comme en Flandre, il y a le tarif d’injection (ce tarif spécial payé par les fournisseurs pour l’électricité injectée dans le réseau). Les batteries domestiques peuvent donc déjà s’avérer intéressantes pour faire des économies.
Néanmoins, sans la mise en place d’une prime comme en Flandre, le coût important des batteries sera difficilement amorti. Actuellement, les batteries sont rarement rentables avant 8 ans d’utilisation. Or leur durée de vie est de 15 ans. Et ce problème d’amortissement risque de ne pas se régler rapidement : "A partir de janvier 2024, ce sera rentable entre 6 à 7 ans pour des petites batteries et plutôt entre 5 à 6 ans pour des grosses batteries", soulève Matthieu Wuidar, gérant la société Noveway, spécialisée dans l’installation de panneaux photovoltaïques et celle de batteries domestiques. "Avec la prime, on a calculé qu’on peut espérer une rentabilité après 3 ans pour ces grosses batteries par exemple".
Un moyen d’éviter la surcharge du réseau
Si les batteries domestiques sont encore peu rentables aujourd’hui, elles ont néanmoins un avantage important : celui d’éviter la surcharge du réseau. Géry Cousin habite en province du Luxembourg, à Tenneville. Dans sa rue, on ne compte plus le nombre de panneaux solaires installés. Résultat : l’onduleur décroche et il n’est plus possible d’utiliser l’énergie produite. "Si j’ai choisi d’installer une batterie domestique, c’est par souci écologique mais aussi parce que c’est un système intéressant pour diminuer les pics de consommation. Si davantage de ménages avaient une batterie, le réseau ne serait pas surchargé”. Et ce problème de saturation du réseau ne risque pas de s’arranger avec les années : "Un système de prime permettrait de soulager le réseau qui va être très vite saturé", souligne Matthieu Wuidar. "Ça l’est déjà en partie et ça va s’accentuer".
Pas une solution miracle
Néanmoins, si les batteries domestiques permettent d’éviter des surtensions, elles ne sont pas une solution miracle pour gagner en autonomie d’énergie. Les batteries domestiques ne peuvent en effet pas conserver plus de deux jours l’énergie qu’elles ont stockée.
Ce qui signifie qu’en hiver, quand les panneaux solaires ne produisent pas suffisamment, ce stockage est rendu très difficile. "Les batteries peuvent augmenter l’autoconsommation de 30 à 55%", précise Matthieu Wuidar. "Il reste encore 45% où on n’a pas de solution avec une batterie. Il y a des moyens alternatifs comme surchauffer l’eau en période de surproduction. Mais à mon sens, entre l’été et l’hiver, il n’y aura pas de solution technique dans les 5 à 10 prochaines années".