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BD : ''Adabana''

Adabana, Tomes 1 à 3, chez Big Kana

© Non

On vous emmène au Japon avec un manga très noir intitulé ''Adabana''. On le doit à une autrice d’une trentaine d’années encore peu connue chez nous.

Elle s’appelle Non. Elle a 35 ans. Et sur une idée de Dai Tezuka, elle a imaginé une trilogie qui vous prend très vite aux tripes, ''Adabana''. Si vous vous demandez ce que signifie ce titre, il vous suffit de lire la définition écrite en très petit sous le titre en couverture : " Adabana, une fleur qui ne donne pas de fruit. Par extension, une réalité sans fondement ". Et de fait, le titre de cette trilogie qui vient de s’achever chez Kana est très bien choisi. L’histoire commence dans une petite ville enneigée du Japon, lorsque le corps en partie démembré d’une adolescente est découvert au bord d’un lac. Une autre jeune fille, Mizuki, 17 ans, une mère autoritaire et un avenir plus qu’incertain, entre en scène. Elle décide de se rendre à la police pour avouer le meurtre de Mako, qui n’était autre que sa meilleure amie. Très vite commencent les interrogatoires. Et à travers eux, la vie de Mizuki va se dérouler, avec ses mystères, ses cicatrices mal refermées, ses plaies béantes. On est ferré. On ne s’arrêtera que près de 600 pages plus tard.

''Adabana'', c’est un polar, une chronique sociale, un thriller psychologique, on surfe sur plusieurs genres et d’ailleurs, on change de point de vue à chacun des trois épisodes de la série. Mais qu’on ne s’y trompe pas, Non plonge les deux pieds dans la noirceur humaine et ce manga n’épargne rien, ni les scènes gore, ni, et c’est parfois bien plus insoutenable, la violence physique la plus sordide. Il y est question de voyeurs vicieux, de réseaux d’images pornographiques non consenties, de relations sous emprise, de chantage, de bassesse morale. En réalité, on comprend assez vite qu’il ne faut pas se fier à la grâce du dessin qui est l’une des choses qui m’a attiré dans ce manga. Car la dessinatrice soigne ses portraits et ses ambiances. On n’est pas dans une série de 30 tomes au succès phénoménal, mais dans quelque chose qui se rapproche plus d’un travail à l’européenne sans pour autant se départir des canons japonais de la bande dessinée.

Une lecture pour adultes, vous le savez sans doute, les mangas sont écrits en fonction de publics cibles, qui définissent leur genre. On parle de Shonen, de shojo, de seinen. Ici, on est dans le seinen, qui se caractérise par une cible de jeunes adultes et des thématiques souvent liées au meurtre et qui permet aussi une publication en plus grand format. Non y aborde les choses de manière très frontale et hyperréaliste, ce qui rend les trois volumes d' ''Adabana'' très efficaces mais aussi très adultes. La complexité de la conclusion est peut-être le talon d’Achille de l’ensemble et demande un peu de concentration. Mais pour le reste, la beauté du dessin, le souci du détail, le découpage rigoureux et le sens de la composition complètent parfaitement un scénario de haute tenue.

''Adabana'' Tomes 1 à 3, par Non, chez Big Kana

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"Viens petite fille dans mon Comic strip" chantait Gainsbourg avec autant de fausse innocence que quand il faisait chanter "Annie aime les sucettes" à France Gall. En guise de clin d’œil, Comics Street vous invite, vous les fans de rock, à partager chaque semaine les coups de cœur choisis par Thierry Bellefroid parmi les dizaines de titres qui déboulent en librairie. Perles et pépites à lire en écoutant… Classic 21, bien sûr !

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