Un coup de cœur qui nous emmène dans les vastes terres de l’Ouest américain, mais peut-on parler d’un western pour autant ?
Un pique-nique sous les arbres. Debout à côté du révérend, un jeune garçon à la peau colorée récite par cœur des passages entiers de la Bible. Une belle femme blanche n’a pas de mots assez admiratifs pour qualifier le travail éducatif du prêtre qui a pris sous son aile ce jeune garçon alors qu’il n’était encore qu’un tout petit enfant et l’a rebaptisé Georges. Georges a un rêve : devenir médecin, être un Américain à part entière, en dépit de sa couleur de peau. Car Georges est un enfant Lakota. Coupé des siens, il n’a plus rien d’indien, hormis le sang qui coule dans ses veines. Mais ce jour-là, alors que le pique-nique s’éternise, arrivent trois cavaliers : une femme et deux hommes. Conduit par Little Knife, un Lakota rebelle qui poursuit une vengeance personnelle, le trio sème la mort sur son passage et s’attaque aux intérêts des blancs. A l’heure où les Indiens croupissent dans les réserves, ces trois-là, dont l’un est d’ailleurs Irlandais, entendent ne faire aucune concession. Et emmènent malgré eux le jeune George.
Roman de formation, roman sur l’irruption de la modernité et la fin d’un monde, ''Hoka Hey !'' est avant tout une aventure trépidante, dessinée avec brio sur plus de 220 pages en grand format ! Il y a quelque chose d’un film de Clint Eastwood dans cette fresque en extérieur dont les personnages sont aussi soignés que les décors. Lumière parfaitement maîtrisée, découpage irréprochable, coups de théâtre totalement inattendus, ''Hoka Hey !'' est le genre de livre qui vous emporte comme un cheval lancé au grand galop. C’est un roman graphique épris de liberté, cherchant à émouvoir autant qu’à délasser et à étonner autant qu’à faire réfléchir. Car la condition indienne et l’acculturation renvoient à bien d’autres situations plus contemporaines qui montrent que le monde n’apprend pas toujours de ses erreurs.
''Hoka Hey !'' de Neyef, Label 619, éditions Rue de Sèvres