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Beaux Jeunes Monstres : épique voyage sonore à voir désormais sur scène

Beaux Jeunes Monstres en live

© Marie Michiels

Il est de ces spectacles à la forme inclassable. Ils vous prennent aux tripes, et vous ne pouvez pas expliquer exactement pourquoi. Une conjonction d’éléments tellement forts que cela vous va droit au cœur. Beaux Jeunes Monstres en fait partie.

Sur la scène du Manège à Mons où se déroulent en ce moment les répétitions, il y a 11 personnes : comédiens, metteurs en scène, chanteurs, ingénieurs du son. Tous sur un pied d’égalité pour raconter l’histoire de William, jeune homme handicapé de 14 ans, en chaise roulante et incapable de parler. La première aura lieu ce dimanche, et dans la salle chaque spectateur portera un casque. Le casque permet d’entrer pleinement dans ce conte écrit pour le son, et diffusé via le son.

Un récit radiophonique porté à la scène

A la base, Beaux Jeunes Monstres est une création radiophonique du collectif Wow ! née en 2016. Le succès est retentissant, le projet remporte toute une série de prix en Belgique et à l’étranger.

L’histoire de William, atteint d’une infirmité cérébrale, provient de l’expérience personnelle de Florent Barat, auteur du texte de la fiction. "J’ai été éducateur spécialisé pendant une dizaine d’années. Cette histoire est en quelque sorte la synthèse de ce que j’ai vécu avec ceux que j’ai rencontrés : des personnes handicapées, des accompagnants, et puis aussi des familles et la fratrie. Pendant huit ans, j’ai travaillé avec des personnes telles que notre héros, qui sont privées de parole mais qui ont toute leur tête. Du coup j’ai passé huit ans à essayer de déchiffrer ce qu’elles avaient dans leur tête."

Déjà sous sa première mouture en 2016, la fiction radiophonique Beaux Jeunes Monstres est riche. Elle mêle témoignages, récit, bruitages, musiques. Mais le collectif Wow ! veut aller plus loin. En 2017, il crée "Piletta ReMix", une création radiophonique cette fois jouée en direct, sur scène. Comme l’indique le descriptif du spectacle : "une création musicale électronique : boîte à rythmes, samplers et autres petites machines et logiciels nous permettant de fabriquer la musique en live en partant des voix, bruitages et ambiances créés sur scène. C’est un procédé qui permet de montrer la "magie" de la création radiophonique et sonore."

Et cette magie justement, on la retrouve plus fort encore aujourd’hui dans la reprise de Beaux Jeunes Monstres, version live. Dans le public, chacun porte un casque pour mieux percevoir la finesse de ce ballet de sons créés en direct sur le plateau.

Le live dévoile l’envers du décor

Le fait que l’histoire de William puisse être suivie visuellement permet d’assouvir une certaine curiosité du spectateur. Emilie Praneuf, comédienne dans Beaux Jeunes Monstres ainsi que co-metteur en scène, explique : "Je crois que, de l’extérieur, il y a quelque chose d’excitant de voir se construire en direct l’histoire, la musique, les bruitages… de voir un petit peu l’envers du décor". Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle la fiction Beaux Jeunes Monstres est aujourd’hui montrée en temps réel. "Nous aussi ça nous plaît de vivre les choses en live, poursuit Emilie Praneuf. Ça nous plaît de les partager et d’être aussi un peu parfois bousculés par les directs, les surprises et les accidents".

Le subtil équilibre entre récit, musiques et bruitages

Beaux Jeunes Monstres version live

Lorsque l’on assiste à Beaux Jeunes Monstres, on ne s’ennuie pas une seule seconde. "Il y a beaucoup de matière sonore, explique Florent Barat, l’un des deux metteurs en scène et auteur du texte. On a des micros avec des sonorités très spécifiques. Et ce qu’il me semble important de préciser, c’est que même si l’on parle de scène, de théâtre, de comédiens, de micros, ce n’est pas pour autant que nous faisons (avec le collectif Wow !, ndlr) du théâtre microphoné. C’est presque l’opposé, ce que l’on fait d’ailleurs. Ici on fait du son, de la création radio, sur des planches de théâtre". Sur le plateau pourtant, il y a une mise en scène, un gros travail de lumières.

La forme du spectacle reste indéfinissable. Peu importe. Le résultat, l’heure trente de prestation vous touche droit au cœur. C’est la force du propos ainsi que cette manière à la fois brute et ultra-précise d’agencer récit, musiques et bruitages. "Souvent quand on parle de création radiophonique on peut imaginer des choses assez expérimentales et assez cérébrales, ajoute Florent Barat. Nous ici on raconte une histoire. C’est comme un film : il y a un scénario, des scènes jouées, de l’action, de l’émotion… c’est une vraie histoire que l’on raconte via le son".

Une esthétique musicale électro-baroque

Les précédents projets du collectif Wow ! faisaient déjà la part belle à une musique dynamique et prenante à la fois. On ne parlerait pas d’habillage sonore mais d’une musique comme élément aussi fort que le récit en lui-même. Dans Beaux Jeunes Monstres, c’est encore le cas. C’est Sébastien Schmitz qui a écrit les musiques. "On pourrait parler d’esthétique musicale électro-baroque, explique-t-il. Il y a à la fois des musiques avec des grosses vibrations, des basses qui donnent une couleur urbaine entre le hip-hop et la musique électronique, et à la fois des chants païens issus de traditions folkloriques, des voix qui s’accordent et créent des polyphonies." Tout cela se mélange au service d’une partition générale bien rythmée dans laquelle s’intègre l’histoire, sur le même pied que la musique.

La première représentation de Beaux Jeunes Monstres a eu lieu fin janvier au Théâtre le Manège à Mons. Le spectacle sera joué en février au Théâtre de Namur puis au Théâtre Varia à Bruxelles.

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