Chroniques

Belgique : et au milieu, coule un budget

Philippe Walkowiak

© RTBF

Par Philippe Walkowiak

 

Comme de tradition en cette période de l’année, les députés débattent du budget fédéral de l’an prochain. Cela au sein de chacune des commissions de la Chambre, compétence ministérielle par compétence ministérielle. Sans surprise, tout cela sera voté, majorité contre opposition, avant l’an neuf. Mais cette année, ce budget cristallise plusieurs crises.

Record d’Europe

Autre tradition respectée : les gros yeux et l’index accusateur de la marâtre européenne. Depuis que l’Europe inspecte notre comptabilité nationale, la Belgique se fait épingler plus ou moins gravement pour son déficit budgétaire. Toutes les familles politiques y ont eu droit.

Chaque Premier ministre y répond avec plus ou moins de mauvaise foi, la main sur le cœur, jurant que la prochaine fois, promis, la Belgique fera mieux. Refrain connu.

Cette fois, notre pays fait encore mieux en décrochant le plus gros déficit budgétaire de l’Union Européenne : 2023 verra grimper notre déficit à 5,8% du Produit Intérieur Brut (PIB). On évalue que la dette publique sera de 106,2% du PIB pour cette année, 107% en 2023 et à 108,5% en 2024 (elle se montait à 131,3% en 1995, 87,3% en 2007, 99,8% en 2019). Immanquablement, la dette se creuse.

De plus, les autorités européennes remarquent que ce sont bien les choix politiques effectués par les sept partis du gouvernement fédéral qui provoquent cette situation. La Commission pointe ainsi les aides trop larges et trop peu ciblées aux ménages et aux entreprises. Plus conventionnellement, la Commission dénonce (une fois de plus) l’indexation automatique des salaires des fonctionnaires et des allocations. Comme à chaque fois, le gouvernement belge fera le gros dos.

Crise politique

Cette année, cette querelle de chiffres entraîne la chute du cabinet du Budget. Une première sans doute. De plus, la secrétaire d’État Eva De Bleeker semble avoir été poussée à la démission bien plus pour couvrir le Premier ministre et son optimisme budgétaire que pour une faute de son chef. La vision d’Alexander De Croo sur le budget 2023 ne repose, à ce stade, sur aucun accord politique. La baisse de la TVA à 6% sur l’énergie reste ainsi un mystère au-delà du premier trimestre 2023.

Cerise sur le gâteau, cette crispation budgétaire s’accompagne d’un règlement de comptes intralibéral, avec Georges-Louis Bouchez dans le rôle de l’arroseur arrosé.

Tout cela va laisser des traces. La paralysie politique menace. Le gouvernement se voit empêtré dans les dossiers sociaux (enveloppe bien-être, norme salariale), énergétiques (négociations avec Engie, aides aux particuliers, etc.) ou de sécurité (police, justice). Le contour d’éventuels accords ne se dessine pas et cela risque de durer jusqu’aux élections de mai 2024.

 

@PhWalkowiak

Belgique: déficit du budget (sujet JT du 22/11/2022)

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