Il est né le 10 mai 2004 sous le signe du Taureau, mais a opté pour des Lions, ceux de l’Atlas, plutôt pour que les Diables. Né un 10 mai… comme Bono, le chanteur de U2, et Dennis Bergkamp, l’ex-styliste des Pays-Bas. Ce dimanche, il veut, de ses dribbles mouchetés et gestes chaloupés, faire passer un Sunday Bloody Sunday à la Belgique de ses débuts. Après 13 caps chez les Diablotins (des U15 aux U18, dans la génération de Pierre Dwomoh, Mario Stroeykens et Lucas Stassin), Bilal El Khannous (Genk) a choisi le pays de ses racines et se retrouve en Coupe du Monde face à son pays d’adoption. A 18 ans et demi, s’il vous plaît.
" Roberto Martinez a essayé de me convaincre, mais ma décision était prise "
Bilal El Khannous a joué deux matches avec les U18 belges, sous la direction de Thierry Siquet. " En effet, je l’ai eu deux fois… et j’aurais bien aimé l’avoir plus longtemps " grimace le coach des Diablotins U18. " On a parlé plusieurs fois avec lui pour essayer qu’il reste chez nous, Roberto Martinez aussi a été pressant. Mais en octobre 2021, lors notre dernière activité, il nous a dit qu’il avait tranché en faveur du Maroc. On respecte son choix… mais le Maroc a mis une grosse pression en lui promettant une place immédiate en Equipe U20. Pour nous, c’était impossible, vu la concurrence à son poste, avec Amadou Onana et Nicolas Raskin, qui ne sont quand même pas n’importe qui... "
" Cette Coupe du Monde est un rêve de gosse, j’espère bien m’y montrer "
Appelé en Coupe du Monde sans jamais avoir fréquenté l’équipe A du Maroc (Anass Zaroury, autre binational belgo-marocain, est dans le même cas), El Khannous va découvrir un autre monde.
" Je ne connais pas le rôle que compte lui assigner le coach marocain " reprend Thierry Siquet. " Vient-il pour jouer ou pour apprendre ? Aura-t-il des minutes de jeu ou sera-t-il 24e ou 25e homme (sic) pour observer au sein du vestiaire et progresser aux entraînements ? Footballistiquement il maîtrise tout (sic), mais il doit aussi maintenant se fondre dans un nouvel environnement. À Genk, il peut compter avec Wouter Vrancken sur un coach qui lui fait confiance et lui donne un rôle important : il y évolue aussi dans un collectif huilé et profite d’une mouvance parfaite. Vous avez d’autres jeunes avec de grandes qualités, mais qui surnagent difficilement car leur équipe ne tourne pas… "
" Sur un terrain, il faut oser et laisser courir le ballon : c’est du foot, quoi… "
Brillantissime, il y a 15 jours avec Genk sur le terrain d’Anderlecht, El Khannous a exhibé toute la panoplie du joueur… de Neerpede. Formé à Anderlecht de 2009 à 2019, le jeune Bruxellois a dégagé une facilité frisant l’arrogance.
" Bilal est un joueur dominant, dans le sens qu’il est conscient de ses qualités mais aussi car il oriente le jeu par ses choix " analyse Thierry Siquet. " Il sait ce qu’il fait… et il sait tout faire, même quand il est mis sous pression : le ballon est son ami (sic), ce qui n’est pas forcément le cas de pas mal d’autres joueurs… Techniquement, il est capable d’enchaîner trois petits ponts (sic) s’il le veut, mais il ne va le faire si ce n’est pas nécessaire. Il fait les bons choix sur le terrain et il a dépouillé son jeu des fioritures qui n’étaient pas toujours utiles. En D1, il a compris aussi qu’il devait laisser l’arrogance au vestiaire. Car sa grande facilité au ballon lui coûtait parfois de gros tacles de la part d’adversaires qui se sentaient attaqués (sic) : il a appris à donner le ballon plus vite pour éviter ce genre de situations. "
" J’ai joué 10 ans à Anderlecht, mais en allant à Genk, j’ai fait le bon choix "
De ses 5 à 15 ans, El Khannous a donc porté le maillot mauve de la capitale. En optant pour Genk, il a choisi une filière devenue elle aussi une référence de réussite ultérieure pour ses jeunes.
" Bilal dégage une grande maturité sur le terrain " analyse Thierry Siquet. " Son grand point fort avec nous, c’était sa faculté de trouver les bons espaces et les zones adéquates, à sortir du marquage adverse pour initier ses actions de plus loin. Il ne joue pas pour lui, il fait jouer les autres : beaucoup de ballons passent par lui, mais peu sont pour lui (sic). C’est un passeur et un créateur, bien davantage qu’un soliste… même s’il en a les capacités. Il est aussi doté d’un gabarit et d’un bagage physique qui lui permettent de répéter les courses en perte de balle comme en possession : il a du coffre, comme on dit ! C’est clairement l’un des 3 ou 4 meilleurs que j’ai vus passer chez moi… mais il devra confirmer et faire les bons choix. J’ai eu aussi, dans la génération 99, des prodiges techniques comme Francesco Antonucci et Adrien Bongiovanni, dont le talent était phénoménal. Aujourd’hui, l’un joue en D2 hollandaise et l’autre en Réserve à Charleroi… "
" Peur, moi ? Non ! Pourquoi j’aurais peur ? "
Sûr de lui sur le terrain… et aux interviews face à la presse : à 18 ans et demi, El Khannous sait déjà ce qu’il veut et où il veut aller. 16 petits matches de D1… et déjà la Coupe du Monde : le garçon n’est pas surpris. Et affiche un sourire banane.
" Bilal est un garçon très bien éduqué, il est poli, il dit bonjour, au revoir et merci (sic), il est toujours à l’écoute et prend les conseils " reprend Thierry Siquet. " Il est conscient de son talent mais il se met au service de l’équipe. Il va devoir garder les pieds sur terre, mais je ne m’inquiète pas sur ça : il est correct dans tout ce qu’il fait (sic) et saura rester calme dans tout ce qu’il va vivre. Il va prendre de l’expérience avec cette Coupe du Monde, puis avec la suite de saison avec Genk. Ensuite, il découvrira sans doute la Coupe d’Europe et devra gérer ses émotions. Si tout continue comme ça pour lui, il fera sans doute l’objet de propositions de clubs huppés qui vont peut-être offrir 20 ou 30 millions (sic). Il aura des choix importants à faire, et c’est là qu’il devra garder la tête froide. Mais je ne me fais pas trop de souci pour lui… "