Deux ans après son magnifique Mirage, Ben Lukas Boysen étend son travail avec Clarion, un EP comprenant deux nouveaux titres ainsi que trois remix signés Kiasmos, Foodman et Mogwai. Le tout forme un véritable bijou de musique électronique et peut-être l'un des disques les plus marquants de ce début d'année dans son genre.
Son nom sort probablement de nulle part pour un tas de personnes. Pourtant, Ben Lukas Boysen est prolifique depuis une vingtaine d'années maintenant. Officiant sous le pseudonyme Hecq jusqu'au milieu des années 2010, il a alors sorti neuf albums oscillant de l'ambient jusqu'au breakcore. Sous son vrai nom, l'Allemand est revenu à son premier amour : le piano et le néo-classique. Il signe chez Erased Tapes, où il devient vite le protégé du maître, Nils Frahm. Parallèlement à cela, il place sa musique sur des publicités pour de grandes marques de voitures, de vêtements ou de produits de luxe, et même pour Marvel, Amnesty International ou le monde du cinéma.
En 2020, il a sorti Mirage, un EP sublimé d'une musique électronique teintée de codes et d'instruments classiques comme du piano, du violon ou de la harpe. Six titres offrant une atmosphère cinématographique plutôt ténébreuse, qui venaient confirmer le potentiel du Berlinois quelques années après son excellent album Spells. Aujourd'hui, le producteur dévoile le prolongement de Mirage, qu'il a intitulé Clarion, du nom d'un morceau du précédent EP, que l'on retrouve d'ailleurs sur ce disque. Il y a ajouté deux nouvelles compositions ainsi que trois remix, pour lesquelles il a fait appel à des valeurs sûres : Kiasmos (le groupe d'Ólafur Arnalds et Janus Rasmussen), Foodman et Mogwai.
Entre ombre et lumière
Si la volonté de Mirage était de capturer la nature brute des éléments tout en redéfinissant le rôle des instruments dans ses compositions, celle de Clarion n'en est pas trop éloignée. Reprenant comme base le monumental titre éponyme qui figurait déjà sur l'album d'il y a deux ans, Boysen a composé autour de celui-ci deux titres: Lux, un titre moins orchestral et plus sombre, qui pourrait rappeler certaines productions de Rone dans son album Room With A View, ainsi que Plexus dans une identité electronica harmoniquement travaillée.
Sur la face B, on retrouve des remix de morceaux issus de Mirage. Le premier revient à Kiasmos, le groupe islandais qui a su capter à la perfection l'énergie du morceau Clarion pour en dégager un remix absolument fantastique. "Après avoir entendu l'original, l'idée du remix est venue immédiatement. C'était comme si le morceau existait déjà dans sa forme remixée. La mélodie principale est catchy et pourtant très intrigante, ce qui est parfait pour un remix de Kiasmos", ont avoué Ólafur Arnalds et son compatriote Janus Rasmussen. Le second remix, on le doit au japonais Takahide Higuchi, alias Foodman. Il s'est attaqué avec brio à un titre plutôt compliqué à remixer sur papier, Medela, lui donnant une dimension plus lumineuse. Enfin, c'est le groupe de post-rock Mogwai qui a eu la tâche de clore cet EP en travaillant sur le morceau Love. Dans un univers qui n'est pas forcément le leur, les Écossais ont brillé pour produire un résultat progressif qui monte en intensité au fil du temps.
Souvent dans l'ombre de grands noms comme Nils Frahm ou Jon Hopkins, Ben Lukas Boysen brille dans son style qui mêle électronique, harmonies et néo-classique. Aussi habile à la composition de musiques de publicités, de jeux-vidéos ou de longs-métrages qu'à la réalisation de projets personnels de qualité, comme il l'a encore prouvé ici, le prolifique Berlinois mérite de passer de l'ombre à la lumière.