Enrichissement personnel
La conclusion de fin 2021 est que les kits P et E se sont bien vendus. Diagénode enregistre d’ailleurs pour la seule année 2020 un chiffre d’affaires qui double, passant de 13,5 à 28,7 millions d’euros ! Ce chiffre provient en partie de ventes des kits P et E par Diagénode à des acteurs privés ou publics (dont le fédéral). Les prix proposés sont ultra-concurrentiels et en considérant d’autres offres bien plus coûteuses, ils font donc gagner de l’argent aux pouvoirs publics. Mais pas qu’à eux. Sur les cinq millions de royalties reversées par Diagénode, 1,5 million revient à l’université, 1,5 million à quatre labos, et 1,5 million revient aux chercheurs.
Les professeurs Gillet et Bureau gagneront environ 420.000 euros bruts en royalties. Soit 19.000 euros par mois depuis le tout début des testings
Combien les chercheurs toucheront-ils ? La RTBF peut avancer une estimation assez précise en croisant les différents documents en sa possession. Certains chercheurs ont refusé l’argent à titre personnel. Six d’entre eux toucheraient environ 65.000 euros bruts. Une belle somme, mais en rien comparable avec ce qu’empocheront les professeurs Gillet et Bureau. Chacun gagnera environ 420.000 euros bruts en royalties. Soit 19.000 euros par mois depuis le tout début des testings (mars 2020). Le fils du vice-recteur toucherait de son côté 120.000 euros bruts, pour avoir confectionné l’entonnoir en papier un soir de juin. Ces montants, qui couvrent l’activité des tests 2020 et 2021, ont été présentés par la RTBF au recteur de l’Université ainsi qu’à l’administratrice. Ils ont confirmé le montant total des chercheurs (1,5 million bruts), mais n’ont pas souhaité confirmer ou infirmer les montants individuels pour des questions de respect de vie privée. Un tel enrichissement personnel via des deniers surtout publics, est-ce acceptable ? " Le système des royalties existe partout et il est légitime ", avance Pierre Wolper. " Il permet de soutenir les chercheurs et est encouragé par la Région ". Laurent Gillet n’a pas souhaité commenter le montant de 420.000 euros. Monsieur Bureau, ainsi que son fils, n’ont pas répondu à nos sollicitations.
Le deal est que l’Unif se fait un max d’argent. Les chercheurs aussi. Le défaut de gouvernance devient criant. " (anonyme)
Pour 2022, l’activité de testing continuera, à la demande du fédéral, précise Laurent Gillet. Mais bien que les 25 personnes du labo Covid soient passées en CDI, " l’idée n’est pas d’en faire une activité de routine, à long terme ", précise le recteur Pierre Wolper. " Ce n’est pas notre objectif. " Le recteur rappelle que l’activité a été utile en temps de crise, mise sur pied rapidement dans des conditions difficiles. " Une belle réalisation dont nous pouvons être fiers. " L’avis de cet acteur bien informé est moins enthousiaste. " Le deal est que l’Unif se fait un max d’argent. Les chercheurs aussi. Le défaut de gouvernance devient criant. "
" Les cinq millions de royalties sont à verser pour la fin de l’année ", assure un autre proche du dossier. Cinq millions, soit le montant des subsides versés par la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est Noël à l’Université de Liège.