Audrey Vanbrabant est journaliste indépendante depuis plusieurs années et fervente lectrice depuis toujours. Du plus loin qu’elle s’en souvienne, ce sont principalement des hommes qui ont constitué ses bibliothèques, les autrices étant souvent absentes des programmes scolaires et des remises de prix prestigieux. Il y a quelques mois, elle a constaté qu’elle ne lisait pratiquement plus que des femmes. Tous les mois, elle propose de découvrir une autrice belge et sa dernière œuvre. Bonne lecture !
TW viol : Attention cette chronique parle d’un livre dont le thème principal est le viol.
En commençant La centième femme on ne sait pas très si ce qu’on tient entre les mains est une fiction tant les premières scènes sont affreusement réelles. Bérangère Lhomme y dépeint un viol, assez cliché, puisqu’il s’agit de celui d’une femme dans une ruelle sombre. Or, les chiffres nous l’ont appris : plus de 9 victimes sur 10 connaissaient leur agresseur. Le mythe de la ruelle sombre a pourtant longtemps eu la peau dure. Heureusement, l’autrice ne s’arrête pas là puisque son récit s’entrecoupe d’autres scènes de violences sexuelles, pour le coup beaucoup moins clichées.
Heureusement pour les lecteur·trices, le livre ne se limite pas à dresser la liste des viols qui existent. Reste qu’il n’est pas plus mal de montrer que ce crime à de nombreux visages et qu’il est bien plus courant et multiple que ce que la justice, la police ou l’opinion publique ont longtemps pensé.
La centième femme, c’est aussi l’histoire de Nora, journaliste pour un magazine d’investigation, qui décide un jour de monter tout un dossier sur la culture du viol. Rencontres avec des expert·es, des victimes, questionnements personnels : bref une enquête sur du long cours. Nora ce qu’elle veut c’est montrer la pluralité des violences faites aux femmes et aux minorités de genres.
C’est raconter ce que sont la sidération (anéantissement soudain des fonctions vitales) et la dissociation (due au stress post-traumatique. C’est de montrer le parcours de la combattante pour se reconstruire et obtenir justice. C’est globalement le quotidien des journalistes des Grenades, entre autres.