Beyoncé et Kendrick Lamar en tête des nominations pour les Grammy Awards : les critiques auraient-elles été entendues ?

C’est en 1958 que les Grammy Awards voient le jour. Dans un premier temps, ils étaient critiqués pour leurs conflits d’intérêts d’ordre financiers, familiaux ou créatifs. Mais en 1995, lorsque Tonny Bennet reçoit le prix de l’album de l’année alors qu’aucun album rap n’avait été récompensé, l’institution a été accusée d’être trop conservatrice et dépassée. Les votes qui autrefois étaient sous la responsabilité du comité de présélection passent sous celle des 11.000 membres de la Recording Academy. Toutefois, les tendances conservatrices et le manque de transparence sont encore et toujours pointés du doigt par les artistes.

En 2020, Nicki Minaj avait poussé un coup de gueule sur Twitter car lorsqu’elle figurait sur la liste du "Meilleur nouvel artiste" aux côtés de J.Cole, Skrillex, The Band Perry et Bon Iver, c’est ce dernier qui a gagné le prix. "N’oubliez jamais que les Grammys ne m’ont pas décerné ma récompense de meilleure nouvelle artiste alors que j’avais sept chansons en même temps dans le classement Billborad et la meilleure première semaine de ventes que n’importe quelle rappeuse de la dernière décennie. Ils l’ont donnée à l’homme blanc Bon Iver", écrivait-elle sur Twitter.

La même année, Teyana Taylor jugeait la catégorie R&B dans laquelle figuraient les noms de John Legend, Luke James, Gregory Porter, Giveon et Ant Clemons, fortement masculine. "Vous feriez mieux de dire simplement le meilleur album R&B masculin car tout ce que je vois, c’est de la b*** dans cette catégorie", avait-elle partagé.

Concernant le manque de transparence, The Weeknd a encore une fois tiré la sonnette d’alarme en 2020 lorsqu’il constate qu’il n’a aucune nomination alors que son album "After Hours" porté par le single "Blinding Lights" a connu un succès énorme. Le chanteur canadien décide alors, comme Kendrick Lamar et Childish Gambino, de boycotter la cérémonie en l’accusant d’être corrompue et en exigeant la transparence.

 Moustique avait rapporté que le rappeur canadien Drake avait soutenu son compatriote en déclarant ceci : "Je pense que nous devrions cesser d’être choqués chaque année par la déconnexion entre la musique percutante et ces récompenses et accepter simplement que ce qui était autrefois la forme de reconnaissance la plus élevée n’a plus d’importance pour les artistes d’aujourd’hui et de demain".

Constatant les boycotts et déclarations d’artistes aussi importants, les Grammy Awards ont certainement pris conscience qu’une modernisation et une déconstruction étaient nécessaires afin de garder leur légitimité et leur prestige. Mais encore une fois, reste à savoir si les récompenses seront données aux artistes qui le méritent et ce, indépendamment de leur couleur de peau ou de leur genre.