Le 9 août dernier, le président Alexandre Loukachenko était réélu en Biélorussie. Depuis, des manifestations rassemblant des centaines de milliers de personnes ont lieu dans le pays pour exiger son départ. Une grande partie de la population estime que l’élection a été truquée. Celui qui est surnommé “le dernier dictateur d’Europe” est au pouvoir depuis 26 ans.
Le pouvoir répond par la force, les manifestations se terminent souvent par des arrestations comme le dimanche 6 septembre où 633 personnes ont été arrêtées. Elles rejoignent les milliers de personnes arrêtées dans le pays. La police anti-émeute a par ailleurs tiré à balles réelles sur la foule. Au moins deux personnes ont été tuées et d’autres blessées.
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La Prix Nobel de littérature 2015, Svetlana Alexievitch, a quant à elle été interrogée dans le cadre de poursuites visant le conseil de coordination de l’opposition, dont elle est membre. Ce conseil vise à organiser la transition de pouvoir dans le pays. “Je ne me sens coupable de rien”, a-t-elle lancé à la presse, assurant que le “conseil de coordination” n’a “pas d’autres objectifs que de consolider la société”. Elle a refusé de répondre aux questions des enquêteurs.
Olga Kovalkova était la présidente du conseil de coordination de l’opposition. Elle a été arrêtée le 25 août et explique avoir été torturée par le régime. Elle a déclaré aux journalistes avoir été emmenée “couchée par terre dans une voiture” du renseignement biélorusse jusqu’à la frontière polonaise.
Les femmes en blanc descendent chaque jour dans la rue, fleurs à la main, pour former des chaines humaines dans lesquelles elles dénoncent la répression des forces de l’ordre et demandent la libération des détenu.es politiques et la démission du président
Elles incarnaient l’espoir
Mais la répression se concentre également sur trois autres femmes qui incarnaient “l’espoir” durant la campagne présidentielle et qui ont tenu tête à Alexandre Loukachenko : Svetlana Tikhanovskaya, Veronika Tsekalo et Maria Kolesnikova étaient candidates à l’élection présidentielle en Biélorussie. Au lendemain de l’élection, Svetlana Tikhanovskaya a fui dans un pays voisin, la Lituanie, visiblement sous la pression.
Veronika Tsepkalo a rejoint son mari, réfugié en Russie. "Notre président, c'est Svetlana Tikhanovskaïa qui a remporté le scrutin, on le sait, avec 80% des voix. Les gens continueront de manifester. Non plus seulement pour elle, mais surtout pour l'avenir de notre pays”, a-t-elle déclaré.
Ce lundi 7 septembre, c’était au tour de Maria Kolesnikova d’être kidnappée, selon ses proches. Des hommes masqués l’ont embarquée et ont ensuite tenté de la faire quitter le pays de force à la frontière ukrainienne. Elle résisté et a déchiré son passeport, rendant son expulsion impossible. Elle est depuis détenue. Selon les gardes-frontières biélorusses, elle aurait tenté de fuir elle-même le pays, une version démentie par le ministère ukrainien de l’Intérieur.
Notre président, c'est Svetlana Tikhanovskaïa qui a remporté le scrutin, on le sait, avec 80% des voix
Des femmes en première ligne
Si les femmes sont particulièrement visées, elles sont aussi en première ligne contre les violences du régime de Loukachenko. Depuis le 12 août, les femmes en blanc descendent chaque jour dans la rue, fleurs à la main, pour former des chaines humaines dans lesquelles elles dénoncent la répression des forces de l’ordre et demandent la libération des détenu.es politiques et la démission du président. Le drapeau rouge et blanc est devenu le symbole de leur mouvement.