Economie

Bientôt de la pub sur Netflix ? Les mauvais résultats pourraient contraindre la plateforme de streaming à revoir son modèle

© Gado via Getty Images

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Par RTBF INFO

Dure semaine pour Netflix qui vient de publier ses résultats trimestriels. Pour la première fois en dix ans, la plateforme de streaming de contenus vidéo a perdu des abonnés. 200.000 en moins depuis le début de l’année.

Dans la foulée de la publication de ses chiffres, le cours de l’action Netflix a plongé de manière vertigineuse, plus de 35%, il n’a pas rebondi depuis. Plus de 50 milliards de dollars de capitalisation boursière se sont évaporés en quelques heures à peine. Les investisseurs sont donc inquiets quant aux profits futurs que l’entreprise Netflix pourrait dégager. Inquiets sans doute aussi pour la pertinence même du modèle économique de Netflix.

Comment expliquer alors cette perte de vitesse du côté des abonnés ? Est-ce que la guerre en Ukraine a peut-être joué un rôle ?
A priori oui, un peu, mais à la marge uniquement. La mise en pause des activités de Netflix en Russie lui a effectivement coûté des centaines de milliers d’abonnés. Mais quitte à relativiser un peu, sur plus de 220 millions d’abonnés aujourd’hui, la perte trimestrielle de 200.000 clients, ça représente donc moins de 0,1% de tous les abonnés Netflix.

Sauf que. Sauf que pour une boîte qui est habituée à un rythme de croissance effrénée, qui nous a habitués mois après mois à nous annoncer des dizaines de millions d’abonnés supplémentaires, le coup d’arrêt est bel et bien là.

Plus important encore, l’érosion de cette base d’abonnés devrait s’amplifier encore au cours des mois qui viennent, des trois prochains mois. Netflix anticipe la perte de deux millions d’abonnés supplémentaires au printemps, dans un contexte d’inflation, de perte de pouvoir d’achat. Des consommateurs freinent leurs dépenses et font des choix.

Netflix mais pas seulement

Netflix est-il l’arbre qui cache la forêt ? Car au final tous les acteurs du streaming devraient être impactés à l’avenir par la situation économique actuelle. D’une part parce que le paysage streaming est plus rempli qu’il y a quelques années : Apple TV, Disney +, HBO +, Amazon Prime évidemment, pour ne citer que les plus gros. D’autre part parce que les plateformes de vidéo à la demande ont vu leur activité dopée par les confinements.

Admettons que cette période de grâce de binge watching est désormais derrière nous. Et enfin, l’explosion des abonnements Netflix et consorts ces dernières années a bien souvent été liée à de la résiliation d’abonnement à des bouquets TV plus classiques. En bref, le vivier d’abonnés à aller chercher n’est pas infini et le marché du streaming commence à saturer. C’est sans doute le début d’une certaine limite dans le gigantisme et la rapidité de la croissance de Netflix, tout comme de ses principaux concurrents d’ailleurs.

L’heure de la pub ?

Était-ce prévu ? Toujours est-il que Netflix envisage de proposer une formule low cost moins chère, mais avec de la pub. Un volte-face stratégique complet. Cette option avec pub ne sera éventuellement disponible que dans un an ou deux. Mais c’est bien un changement majeur pour un groupe qui a toujours été radicalement opposé à la publicité. Pas par dogmatisme, ni par idéal mais par choix stratégique.

Le patron de Netflix estimait jusqu’ici que la publicité, c’est une source de revenus qu’il fallait aller chercher, aller tirer, aller arracher à d’autres endroits, chez d’autres diffuseurs, dans un marché publicitaire bien délimité. Netflix a bâti son empire sur ce pari par contraste avec les chaînes de télévision et leurs tunnels de publicitaires parfois interminables, coupant des films en deux ou trois ou quatre. Mais aujourd’hui, tous les concurrents Netflix, Amazon, HBO, Disney proposent ou envisagent de proposer une formule incluant de la publicité. En réalité, si Netflix veut continuer à s’étendre, le groupe n’a pas vraiment le choix. Comme Netflix n’aura pas vraiment le choix de s’attaquer aux 100 millions de ménages frauduleux qui regardent Netflix sans être abonnés.

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