On n'est pas des pigeons

Bientôt l’été et l’Horeca manque toujours de personnel

Par Céline Liegeois

Alors que tout doucement, la crise sanitaire s’éloigne, la haute saison se profile pour le secteur Horeca. L’activité redémarre en force avec nombreux évènements tels que mariages (parfois postposés à plusieurs reprises) et autres réjouissances. Mais une ombre vient ternir le tableau : la pénurie de personnel. Cuisiniers, barmen, ou encore serveurs manquent à l’appel. L’urgence se fait sentir.

Une affiche sur la porte du restaurant namurois le Myconos annonce la couleur : "Le restaurant recherche pour renforcer son équipe…" Ouverte 7 jours sur 7 depuis 36 ans, cette institution est désormais contrainte de fermer un jour et demi par semaine. Les clients sont pourtant de retour, mais il faut adapter les horaires, faute de personnel. Et il ne s’agit pas d’une exception. A Jemeppe-Sur-Sambre, Laurent Sneessens ne compte plus ses heures. Faute de personnel, ce traiteur n'a pas d'autres choix que de refuser certaines prestations le week-end. Et en semaine, il assure lui-même le travail d'une employée malade qu'il ne parvient pas à remplacer. 

Hôteliers, patrons de bar ou traiteurs, ils sont nombreux à chercher de nouveaux collaborateurs pour assurer le travail qui ne manque pas. Depuis le début de l’année, le Forem a publié plus de 6000 offres d’emploi dans l’Horeca. Un quart d’entre elles recherchaient des commis de cuisine. L’office public wallon recense encore aujourd'hui environ 1500 offres à pourvoir. Commis, équipiers polyvalents, serveurs et cuisiniers sont toujours recherchés constate Thierry Ney, Directeur de la communication. Pour tenter de convaincre les demandeurs d’emploi, Le Forem a organisé 13 jobdays, c’est-à-dire des rencontres entre l’entreprise et le candidat, partout en Wallonie courant mars et avril. 

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Même les étudiants font leur marché

Et c’est sans compter les nombreuses annonces qui passent par d'autres canaux. Des milliers de bras manquent. De la main-d’œuvre qualifiée, mais pas seulement. Même trouver des étudiants est devenu plus compliqué pour certains employeurs, en recherche pour les extras ou pour tenter de remplacer ce personnel qui se fait tant désirer.  

Les jeunes ne boudent pourtant pas les petits boulots, loin de là, mais aujourd’hui, la situation leur est plutôt favorable, constate Sébastien Cosentino, Porte-parole Randstad. "Il y a énormément de demandes, beaucoup de secteurs d’activité recherchent en grand nombre. Nous prévoyons un été record au niveau du nombre d’étudiants au travail. Les étudiants ont énormément de choix, c’est donc à chaque secteur de se montrer attractif pour trouver les étudiants".

Les secteurs qui font traditionnellement appel à de la main-d’œuvre étudiante redémarrent, comme les parcs d’attractions, par exemple, mais Sébastien Cosentino observe un nouveau phénomène. "Depuis le début de la pandémie, dans le secteur du service, certaines activités sont réalisées en télétravail par des étudiants. C’est un type de secteur qui auparavant, fonctionnait avec moins d’étudiants. La pandémie a créé cette nouvelle possibilité. Et de plus en plus d’étudiants sont intéressés par ce genre de jobs."

Résultat, ils sont nombreux à opter pour des emplois parfois mieux rémunérés, avec des horaires de bureau, souvent moins fatigant, ou à privilégier des jobs en lien avec leurs études. En somme, les étudiants n’hésitent plus à faire leur marché.  

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Un secteur en souffrance depuis le début de la pandémie

Mais le problème est plus global. Le secteur a énormément souffert de la pandémieEntre fermetures, incertitudes quant à l’avenir et horaires difficiles, de nombreux talents ont été amenés à chercher un nouvel emploi et ne sont jamais revenus dans l’Horeca dont l'image a été mise à mal. Selon les chiffres du Forem, 6500 demandeurs d’emploi ont quitté le secteur. Si la moitié environ a retrouvé un emploi dans un autre domaine, ils sont encore nombreux à disposer d’une expérience récente et utile pour le secteur de l’Horeca en demande. 

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