Entre les coups d’éclat de Lotte Kopecky, les multiples succès des Italiennes et l’obstination d’Annemiek van Vleuten, le printemps a été riche en cyclisme féminin. Exacte à ses rendez-vous et toujours aussi régulière la championne de Belgique a franchi la marche qui la séparait du plus haut niveau mondial. Là voilà même qui trône en tête du World Tour. L’Italie a fait souffler un vent de fraîcheur sur les palmarès et a bousculé la traditionnelle domination néerlandaise.
Lotte number 1
Les chiffres ne disent pas tout mais ils ont le mérite de rationaliser les choses et de permettre de se détacher de l’émotion de l’instant. Parfois, à l’heure du bilan les deux se rejoignent. Lotte Kopecky a, à la fois, fait chavirer les cœurs avec sa victoire au Tour de Flandres et elle a bouclé le printemps en tant que leader du World Tour. De quoi lui conférer le statut de star du début de saison.
La championne de Belgique avait deux grands objectifs : les Strade Bianche et le Ronde. Elle les a convertis en victoire. Avec maestria. Et ce n’est pas tout. Lotte a glané trois podiums (2e à Roubaix et Nokere, 3e à Drenthe). En fait dès qu’elle a joué sa carte, elle a terminé au pire… 4e (à Gand-Wevelgem).
L’Anversoise s’est intégrée chez SD Worx aussi vite qu’elle ne sprinte. Par ses résultats mais aussi par son attitude, elle a gagné le respect de ses équipières. Ce n’est pas un hasard si Chantal Vandenbroeck-Blaak s’est sacrifiée au Ronde. Une manière d’adouber la nouvelle leader alors que les rôles n’ont pas toujours été clairs au sein de l’équipe. Calme, sereine, lucide et surtout sûre de ses forces, cette Kopecky-là n’a pas fini de briller. Au Giro ou au Tour par exemple.
Forza Italia
On s’était habitué à la domination néerlandaise sur les courses féminines. Ces certitudes ont été balayées par une impressionnante razzia italienne. Sur les 10 épreuves World Tour disputées, la Squadra en a raflé… six. Elisa Balsamo a fait honneur à son maillot arc-en-ciel et a levé les bras au Trofeo Binda, à la Panne et à Gand Wevelgem. Marta Cavalli a piégé les favorites à l’Amstel avant de dominer Annemiek van Vleuten au sommet du Mur de Huy. Enfin, Elisa Longo Borghini a prolongé le règne de Trek-Segafredo sur Paris-Roubaix au prix d’un joli numéro de soliste.
A la qualité, les Italiennes ont ajouté la quantité avec des victoires (en Women Elite) pour Marta Bastianelli (Vuelta CV, Omloop van het Hageland), Sofia Bertizzolo (Trofeo Oro in Euro), Chiara Consonni (A Travers la Flandre) et Silvia Persico (Gran Premio della Liberazione).
A côté de ces succès, on dénombre aussi 18 podiums et 45 tops 10 dans les courses d’un jour. Oui, le peloton a résolument pris l’accent italien ces derniers mois.
Van Vleuten entre victoires et frustrations
"Cela devient de plus en plus difficile de gagner dans le cyclisme féminin". Le constat, posé par Annemiek van Vleuten après sa victoire à la Doyenne, est limpide. Et résume parfaitement ses premiers mois de 2022. La coureuse de Movistar reste l’une des meilleures cyclistes du monde, mais au cours de ce printemps, elle s’est souvent cassé les dents sur une concurrence toujours plus relevée.
Sur les routes blanches (2e), les pentes des bergs du Ronde (2e) ou les pourcentages abrupts du Mur de Huy (2e), l’ancienne championne du monde s’est démenée et a maltraité sa machine. Mais sans pouvoir décramponner ses adversaires. La Néerlandaise boucle quand même son printemps avec quatre jolis bouquets (une étape et le classement général du Tour de Valence, Het Nieuwsblad et Liège-Bastogne-Liège) et la conviction qu’elle peut encore gagner. A condition de durcir la course au maximum pour user la résistance de l’opposition.