En quelques notes seulement, certains artistes parviennent à vous emmener ailleurs, et finissent par vous toucher en plein cœur. Bill Callahan en fait partie. Doté d’une plume de poète et d’une voix grave à tomber à la renverse, l’artiste américain ne jure que par l’authenticité : depuis une trentaine d’années, il suit son instinct et navigue entre les styles, explore les techniques d’enregistrement et cale ses textes mélancoliques sur des thèmes analogiques, à la façon d’un Bob Dylan ou d’une Jessica Pratt. Envie de voir ce que ça donne en live ? Rendez-vous le jeudi 27 avril aux Nuits Botanique !
Silver Spring, 1988. Du haut de ses 22 ans, niché dans sa maisonnette du Maryland, Bill Callahan enregistre sa première cassette intitulée Macramé Gunplay. Au menu : des chansons expérimentales exclusivement composées sur une guitare désaccordée, enregistrées à l’arrache sur des machines légèrement loufoques. Un premier projet peu maitrisé mais beau quand même, qui reflète une envie d’expérimentation très ancrée. Une soif de singularité, d’artisanat et de bidouillages qui plait au label Drag City, qui finit par inviter l’artiste-génie à rejoindre son roster. Grâce à cette précieuse collaboration, Bill Callahan se professionnalise et part en studio, où il découvre une myriade de nouveaux joujoux : percussions, instruments à cordes et micros en tout genre, il redéfinit sa palette et donne à sa musique un côté plus rythmé. Véritable bourreau de travail, il en profite pour enregistrer une flambée d’albums sous le pseudonyme Smog, qu’il gardera jusqu’en 2007. Sans faire de bruit, il devient alors l’un des pionniers de la country alternative et de la révolution lo-fi.
Avec les années, le style de Bill Callahan n’a pas beaucoup changé. Et c’est tant mieux ! Bien que ses chansons soient devenues légèrement plus carrées, l’artiste met un point d’honneur à toujours privilégier la spontanéité. Sa marque de fabrique ? La non-structuration. Très éloignés des modèles pop couplet-refrain, ses morceaux consistent en progressions d’accords répétés, fracturés et ensuite recollés, où se mêlent des textes mi-chantés mi-parlés, comme on raconte les histoires au coin du feu, sous la voie lactée. Sa voix baryton renforce cette narration, et permet à l’artiste de créer une connexion directe avec son public : quand les premières notes de “Too Many Birds” retentissent, croyez-moi, vos yeux s’illuminent.
Dans ses chansons, Bill Callahan raconte tout ce qui habite ses pensées : souvenirs d’enfance, amours envolés, fantasmes ou encore une connexion profonde à la nature et au monde animal, tout — ou presque — y passe. Tout comme ses mélodies, sa plume est belle et libérée, à la croisée parfaite entre le journal intime et l’écriture brute, spontanée. Un canal d’expression souvent emprunté par l’artiste, qui en plus de la musique, dessine à l’encre de Chine, et écrit des textes par milliers.
Ces dernières années, l’artiste américain n’a pas chômé. Avec près d’un album par an, il enchaîne les sorties et ne cesse d’ajouter de nouvelles sonorités à sa palette déjà bien colorée. L’année dernière, il débarquait avec un dernier disque intitulé YTILAER (vous l’avez ?), remettant avec une aisance sans pareille le combo acoustique-électrique au goût du jour. Davantage centré sur le monde qui l’entoure, Bill Callahan aborde sur ce projet des sujets plus universels : entre questionnements sur les interactions humaines et odes au bonheur familial, ses paroles nous ramènent toujours à l’essentiel. Côté live aussi, l’artiste se contente de peu : une batterie, un saxo, une voix, une guitare, et le tour est joué. Alors, ça vous parle ?
En 30 ans de carrière, Bill Callahan nous en aura fait voir de toutes les couleurs. Venez découvrir son univers poignant le jeudi 27 avril sous le Chapiteau du Botanique !