La sauvegarde de la biodiversité est devenue, selon le WWF, la troisième priorité absolue pour préserver notre planète des effets du réchauffement climatique. Et c’est surtout le meilleur outil dont nous disposons aujourd’hui, si pas pour la réparer, au moins pour enrayer sa dégradation.
"En Belgique, on estime que près d’un tiers des espèces indigènes évaluées est désormais rare, vulnérable, menacées ou éteintes. Et parmi les habitats analysés en Belgique, seuls 4% sont dans un état favorable. Au niveau mondial, le taux actuel d’extinction des espèces est de dix fois à cent fois supérieur au taux d’extinction naturel – et donc au taux d’extinction que l’on a pu connaître les 10 millions d’années précédentes", explique un récent rapport de la Région wallonne.
On parle désormais d’une sixième extinction massive d’espèces.
Que fait la Belgique ?
Un nouveau rapport de WWF-Belgique mesure l’écart entre les ambitions du pays affichées en matière de biodiversité et les dépenses réelles consacrées à la nature.
Et selon l’ONG, nos différents gouvernements dépensent en Belgique quelque 855,5 millions d’euros, pour la politique de préservation de la biodiversité en 2020. Ainsi, en Wallonie, par exemple, 25.153 hectares sont sous statut de protection sur le territoire.
De nombreux fonds ont alors été débloqués pour lutter contre la pénurie d’eau et la sécheresse, le Blue Deal flamand et la Stratégie intégrale sécheresse wallonne par exemple.
603 millions de plus chaque année
Mais notre pays doit faire encore davantage d’efforts, s’il veut honorer ses engagements et réaliser ses ambitions climatiques. "Il doit investir quelque 603 millions d’euros supplémentaires chaque année. Cela semble beaucoup, mais il faut placer cette somme dans un contexte global : elle représente 0,13% du PIB de la Belgique ou 0,22% du total des dépenses publiques belges en 2020", affirme WWF.
Un chiffre à mettre en regard avec les 13 milliards d’euros que la Belgique a encore dépensé en 2020, en subventions diverses, directes ou indirectes en faveur des combustibles fossiles.
La nature vaut l’investissement
Dans son rapport WWF appuie sa revendication en adoptant un point de vue purement économique. La nature représenterait une valeur de 44.000 milliards de dollars.
Sa surexploitation et les effets des changements climatiques entraînent des pertes de très loin supérieures à ce que sa préservation coûterait.
Après les inondations de 2021 qui ont frappé notre pays, les dégâts matériels ont été estimés à 2,8 milliards d’euros pour la région wallonne.
Si ce type de catastrophe se produisait en Flandre, le coût s’élèverait à plus de 8 milliards d’euros.
"La restauration des cours d’eau, comme dans la vallée limbourgeoise de la Meuse, où le fleuve retrouve la possibilité de serpenter et de déborder dans les plaines inondables, permet de capter d’énormes quantités d’eau lors de fortes pluies, protégeant ainsi les villages."
Selon le WWF : "Plus de 14.000 Belges auraient déjà envoyé des messages directs aux ministres compétentes et aux députés européens belges pour leur faire part de leur souhait d’une loi ambitieuse sur la restauration de la nature. Les citoyens agissent également pour combler les lacunes politiques, en agissant localement, pour protéger la nature en Belgique."
Des solutions concrètes
Le WWF lance la deuxième édition de son "Fonds pour la nature d’ici".
Lors de la première édition, 47 projets en faveur de la nature ont reçu un soutien financier pour planter des forêts comestibles, créer des jardins solidaires, se mobiliser pour la sauvegarde de nos abeilles, de nos crapauds ou de nos castors, dépolluer des canaux et rivières, ou encore aménager des mares naturelles.
Autant de solutions concrètes pour préserver la biodiversité à travers ses biotopes, la variété de ses espèces et la prévention des pollutions en tous genres. Bien insuffisants peut-être mais des pas dans la bonne direction.