Birmanie: une faction rebelle s'empare d'une base militaire, craintes de représailles

Des manifestants font le salut à trois doigts en défilant contre le coup d'Etat militaire en Birmanie, dans le quartier de Tarmwe à Rangoun le 26 avril 2021

© STR

Une des principales factions rebelles de Birmanie, très virulente contre la junte depuis le coup d'Etat, s'est emparée mardi d'une base militaire, faisant craindre un nouveau cycle de violents affrontements avec l'armée.

Les tensions entre les militaires et certains des nombreux groupes ethniques du pays se sont intensifiées depuis le putsch du 1er février qui a renversé Aung San Suu Kyi.

Mardi à l'aube, "nos troupes ont pris une base" située dans l'Etat Karen (Sud-Est), a indiqué à l'AFP Padoh Saw Taw Nee, l'un des responsables de l'Union nationale Karen (KNU). Il n'a pas précisé s'il y avait des victimes.


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Sollicité, le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, a confirmé l'attaque, indiquant que "des actions allaient être entreprises" à l'encontre de la brigade 5 de la KNU à l'origine de l'assaut.

"Personne n'ose rester" par peur d'éventuelles représailles de l'armée birmane, a déclaré Hkara, une habitante de Mae Sam Laep, un village thaïlandais de l'autre côté de la frontière.

La KNU, forte de plusieurs milliers d'hommes, se montre particulièrement virulente envers la junte depuis le putsch.

Elle assure abriter sur le territoire qu'elle contrôle au moins 2000 opposants au coup d'Etat qui ont fui la répression.

Milliers de déplacés

Fin mars, la faction s'était déjà emparée d'une base militaire, tuant dix soldats.

L'armée avait répliqué en menant des raids aériens contre des places-fortes du groupe, une première depuis une vingtaine d'années dans cette région. Quelque 24.000 civils ont été déplacés suite à ces affrontements.

Depuis l'indépendance de la Birmanie en 1948, de nombreuses factions ethniques sont en conflit avec le gouvernement central pour obtenir plus d'autonomie, l'accès aux nombreuses richesses naturelles ou une part du lucratif trafic de drogue.

A partir de 2015, l'armée avait conclu un accord national de cessez-le-feu (ANC) avec dix d'entre elles, dont la KNU.

Mais plusieurs ont menacé de reprendre les armes face à la répression sanglante des forces de sécurité depuis le coup d'Etat.

Plus de 750 civils sont tombés sous les balles de la police et de l'armée ces trois derniers mois, d'après l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP).

Lundi soir, un commerçant a été touché par un tir mortel à la poitrine à Mandalay (centre), selon un secouriste.

Craintes pour la communauté LQBTQI

L'AAPP craint de plus en plus d'exactions envers la communauté LGBTIQ, rapportant le cas d'une femme transgenre humiliée et battue lors de son arrestation.

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