Chef palestinien renommé installé à Londres depuis plus de 20 ans, Sami Tamimi se rappelle qu'"il y a 10 ans, si vous alliez voir un éditeur pour publier un livre de recettes palestiniennes, il répondait : 'Mais qui va l'acheter ?'". Aujourd'hui, les livres se comptent par dizaines. En 2020, il a signé avec Tara Wigley "Falastin" ("Palestine" en arabe), grandement inspiré de ses souvenirs culinaires, lui qui est imbattable lorsqu'il s'agit de vanter la finesse des feuilles de vigne et des choux-fleurs frits glissés dans du pain, son en-cas lorsqu'il était écolier. A Londres, il a plusieurs restaurants chics avec son associé, le chef israélien Yotam Ottolenghi.
Les Israéliens se sont montrés plus performants pour promouvoir la gastronomie locale, souligne M. Bukhari, faisant référence à l'image répandue d'un sandwich falafel dans lequel est planté un petit drapeau israélien. Les Palestiniens n'ont jusqu'à présent pas suffisamment exploité leur cuisine et un "vide" s'est créé, dans lequel les Israéliens se sont engouffrés, explique-t-il.
"Plus on parlera de notre culture et de notre nourriture, plus on comblera ce vide", dit-il.
Le mouvement a d'ores et déjà débuté. Le chef Fadi Kattan, de Bethléem, va ouvrir un restaurant à Londres cette année. M. Tamimi est, lui, attendu en octobre au prestigieux hôtel American Colony à Jérusalem, où il officiera pendant deux semaines. Une expérience qu'il renouvelle après un premier passage au cours duquel il avait adapté la carte du restaurant à la cuisine locale. "C'était la première fois que je travaillais avec une équipe complétement palestinienne", dit-il. "C'est une bonne chose."