Sans mystère, sans héros, sans beau prince ni bonne fée ''Goodnight Moon'' berce depuis 75 ans des millions d’enfants, dans plus de deux douzaines de langues. Écrit par Margaret Wise Brown, avec des illustrations de Clement Hurd, le livre d’images, qui s’est vendu à plus de 40 millions d’exemplaires depuis sa publication le 3 septembre 1947, gagne ses lecteurs avec une série apaisante de “bonne nuits” aux objets quotidiens de "la grande chambre verte" avant le coucher…
Il s’agit d’une création révolutionnaire qui suscitera une vive opposition auprès des directeurs conservateurs des listes de livres pour enfants. Notamment à la Library of New York, où le livre est rejeté par son influente bibliothécaire pour enfants, Anne Carroll Moore qui avait une aversion pour les nouvelles tendances de la psychologie de l’enfant. Et elle n’aimait surtout pas Margaret.
Margaret Wise Brown, était une sorte d’enfant sauvage et glamour : un écrivain fougueux, créatif et expérimental, connu pour porter des fourrures et conduire une décapotable. Elle avait des lapins comme animaux de compagnie, mais partait aussi à la chasse aux lapins avec ses chiens. Elle était audacieuse, moderne et loin des auteurs de livres pour enfants doux et pudiques qui l’ont précédée. Elle disait d’elle-même : ''Eh bien, je n’aime pas spécialement les enfants, du moins pas en tant que groupe. Je ne laisserai personne s’en tirer à bon compte sous prétexte qu’il est petit." Elle disait, ''pour être un écrivain pour enfants, il faut aimer non pas les enfants mais ce que les enfants aiment." Margaret collabora longtemps avec l’école progressiste de Bank Street à New York. La Bank Street réunissait des psychologues, des pédiatres, des sociologues et des élèves enseignants pour étudier la façon dont les enfants apprennent. Ils ont recueilli des données en observant et en parlant directement aux experts : les enfants eux-mêmes.