Long en bouche, insaisissable, le deuxième album de Black Midi ne s’apprivoise pas en une écoute distraite. Disque exigeant, voire intransigeant, "Cavalcade" met le rock en alerte dans une succession de suicides commerciaux. De la fougue bruitiste d’un "John L" déchiré par un violon en transe à une "Marlene Dietrich" chantée sur les parois d’une bossa nova escarpée, le groupe anglais déboule toujours à contre-sens, loin des formats et des attentes prétendues du public. Dans le genre, le morceau "Diamond Stuff" est un bel ovni. Fabriqué à l’aide d’un violoncelle, d’un saxophone, d’un piano, de deux bouzoukis, d’une cithare, d’une flûte, de synthés et…d’un wok, le titre voit Black Midi s’envoler sur une trame luxuriante et étrangement apaisée. "Sur ce disque, nous avons accordé une attention particulière à la dynamique et aux harmonies. L’idée était aussi d’amplifier les résonnances émotionnelles." Là-dessus, le bassiste Cameron Picton se met à nu sous les guitares électriques du morceau "Slow". "L’année dernière, je suis tombé malade : un état grippal, un truc assez banal. Mais sur le coup, j’étais persuadé d’avoir chopé le coronavirus. J’étais ultra anxieux, quasi persuadé que mon heure était venue. J’ai composé "Slow" juste après cet épisode. Il y est surtout question de paranoïa. Dans les paroles, je ne fais d’ailleurs aucune référence explicite au coronavirus."