Blake et Mortimer : Le crépuscule d’un dieu, de Mortimer à Tokyo au décès au décès d’Edgar P. Jacobs (Episode 9)

Le crépuscule d’un dieu, de Mortimer à Tokyo au décès d’Edgar P. Jacobs (1967-1987)

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Par Thierry Bellefroid via

Les vingt dernières années de la vie d’Edgar P. Jacobs sont les moins productives. Ce sont aussi les années de déclin, tant physique que psychologique. Mais sur ces deux décennies va naître un livre qui le fera entrer dans la légende. Et un ultime tome de Blake & Mortimer dont manquera la deuxième partie. 

Le livre, personne ne l'attendait. Né d’une rencontre et d’une amitié avec le journaliste français Pierre Lebedel, il sera, pour Jacobs, l’occasion de regarder dans le rétroviseur. Peu après la mort de son épouse qui le plonge dans une tristesse infinie, il reçoit en effet une étonnante proposition. Lebedel se fait l’intermédiaire d’un des directeurs littéraires de Gallimard qui souhaite que Jacobs écrive ses mémoires.

Après quelques hésitations, Edgar se lance dans l’opération. Comme tout ce qu’il fait, il met un soin maniaque à le faire bien. En face, Lebedel, qui n’en demandait pas tant, se retrouve dans la position de l’agent. Car de Gallimard, les nouvelles sont rares, ce qui écorne plus d’une fois l’énergie et l’enthousiasme que Jacobs met dans le projet.

Au bout de quatre longues années, les mémoires d’Edgar P. Jacobs arrivent en librairie. Entre-temps, sa toute première bande dessinée, Le Rayon " U ", a été restaurée, publiée en album par Le Lombard et pourvue, près de quarante ans après sa création, de phylactères.

Lorsque sort Un Opéra de papier chez Gallimard, tout le monde découvre ou redécouvre l’incroyable richesse de la vie de Jacobs. Baryton d’opéra, assistant d’Hergé, plagiaire d’Alex Raymond pour cas de force majeure pendant la guerre, il semble avoir vécu mille vies.

Nous sommes au début des années 80 et soudain, toute la presse converge vers le Bois des Pauvres, à Lasne, pour interviewer le dieu vivant dans sa demeure.

© Archives Sonuma

Mais avant cet épisode, avant le décès de son épouse, à la fin des années 60, Jacobs s’est lancé dans un nouveau projet d’épisode des Aventures de Blake & Mortimer. La première partie des 3 Formules du Professeur Satō paraît au début des années 70. La seconde, entièrement découpée et même story-boardéee case par case, ne verra jamais le jour de son vivant.

Le décès de son épouse, la réédition du Rayon " U ", la préparation et la publication d’Un Opéra de papier à la célèbre couverture dessinée par Tardi, tout cela aura eu raison des possibilités de dessiner qui restaient à cet homme de plus de 70 ans.

© Editions Blake & Mortimer/Studio Jacobs (Dargaud-Lombard s.a.), 2021

Un homme pour qui les problèmes de hanche s’ajoutent aux problèmes de vue. À un moment, Jacobs envisage de faire dessiner le deuxième tome des 3 Formules du Professeur Satō par l’un des assistants d’Hergé, Bob De Moor, sachant qu’Hergé ne fera plus de Tintin. Mais Georges Remi refuse. De Moor, dépité, reste lié au Studio Hergé.

Il dessinera finalement ce livre, mais bien plus tard, après la mort de Jacobs qui s’éteint en mars 1987 après avoir créé plusieurs structures pour mettre son œuvre à l’abri de ceux qu’il appelle " les affairistes de la bande dessinée ".

Seul dessinateur de l’âge d’or à avoir pris cette précaution, Jacobs sera aussi le seul à être au cœur d’un scandale post-mortem : celui du pillage des coffres où il avait mis ses originaux à l’abri.

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