Pour la troisième aventure de ses héros, Jacobs change une fois encore d’ambiance, mais pas de méthode. Il revient même graphiquement plus que jamais aux vertus du clair-obscur, créant une Londres angoissante et des docks d’une stupéfiante beauté nocturne. Repérages, soin extrême du dessin dès l’étape du noir et blanc, découpage sans faille, La Marque jaune est le chef d’œuvre absolu de l’auteur.
Pourtant, ce livre n’est que la troisième histoire de Blake & Mortimer. Et il comporte certaines scènes explicatives qui sont pour le moins dissuasives pour les lecteurs pressés que nous sommes devenus aujourd’hui. Mais la magie est ailleurs. Le Mystère de la Grande Pyramide avait eu pour effet de décider de jeunes garçons et de jeunes filles à se lancer dans l’égyptologie, ou à tout le moins avait influencé leur vocation naissante.
C’est notamment le cas de la Directrice scientifique Honoraire du Musée Royal de Mariemont, Marie-Cécile Bruwier. La Marque jaune, de son côté, aura influencé plusieurs générations d’auteurs de bande dessinée. Des créateurs comme François Schuiten ou Johan De Moor se souviennent parfaitement de l’émotion qu’ils ont ressentie lorsque Guinea Pig s’introduit dans l’appartement occupé par Blake et Mortimer à Park Lane.