Edgar P. Jacobs laisse derrière lui une œuvre compacte, d’une incroyable cohérence. Hormis Le Rayon " U ", première incursion dans la bande dessinée qui évoque Le Monde perdu d’Arthur Conan Doyle, il aura consacré toute sa vie d’auteur à Blake & Mortimer. Entre 1946 et sa mort, en 1987, Edgar P. Jacobs ne leur aura écrit et dessiné que huit histoires. C’est peu.
Mais chacune d’elles a marqué. Toujours en avance d’une invention ou d’une théorie, imaginant avant l’heure un engin de guerre triphibie aussi bien qu’une montre connectée ou la surveillance des populations par drones, Jacobs s’est montré d’une prescience rare. Évidemment, la modernité vieillit. Le monde évolue vite. La science-fiction d’hier est le quotidien d’aujourd’hui. Au-delà, il y a la manière de raconter, l’art du récit, la tension dramatique, le jeu emphatique des personnages qui trahit d’un bout à l’autre de l’œuvre la nostalgie de l’auteur pour sa première vie sur les planches de l’Opéra de Lille.