Cela fait trois semaines que la direction du groupe Delhaize a annoncé sa volonté de franchiser, en d’autres mots confier à des indépendants, ses 128 derniers magasins "intégrés", c’est-à-dire des magasins qui appartiennent à Delhaize et que la firme gère directement.
Un nouveau conseil d’entreprise s’est tenu mardi matin à 9h30 au siège du groupe, à Zellik et s’est terminé aux environs de midi. Depuis le 7 mars, date de l’annonce, les discussions entre la direction et les syndicats sont dans l’impasse.
Le troisième conseil d’entreprise n’a pas permis de faire évoluer la situation. "La direction nous a dit avoir fait son boulot en nous recevant trois fois", a expliqué un responsable syndical à la sortie de la réunion. "C’est du foutage de gueule, mais on ne va rien lâcher", a-t-il ajouté.
"Nous avons posé des questions et la direction nous a apporté des réponses, mais pas sur la question fondamentale de savoir s’il y a de la place pour la négociation et sur quoi nous pouvons négocier", a expliqué le secrétaire du syndicat CGSLB Wilson Wellens. "Ils disent qu’il n’y a pas de place pour la négociation et n’en voient pas la nécessité", a-t-il ajouté.
Déjà en cours de matinée, les premières échos qui nous parvenaient de cette nouvelle rencontre entre la direction de Delhaize et les syndicats indiquaient qu’on ne prenait pas le chemin du dialogue espéré par les syndicats et le personnel de Delhaize. "La direction n’écoute qu’elle-même. C’est un dialogue de sourds" apprenait-on de source syndicale. "Nous venons de répéter qu’il faut le retrait du plan. La direction refuse ce retrait", nous écrivait une source syndicale présente autour de la table.
D’un côté, les syndicats continuent de demander le retrait du plan. De l‘autre, la direction campe sur ses positions.
Sur place, à l’extérieur du bâtiment où s’est tenu le conseil d’entreprise, près de 600 membres du personnel étaient présents.
Avant la réunion, Rosetta Scibilia, employée chez Delhaize depuis 36 ans déclarait : "on attend que ça se passe autrement que lors des deux premiers conseils d’entreprise. C’est-à-dire qu’il y ait une ouverture de l’entreprise, qu’elle nous écoute. Le plan qu’ils nous proposent est imbuvable, les travailleurs n’en veulent pas". Francine Mathieu, employée depuis 35 ans chez Delhaize, caissière en région liégeoise, disait encore avoir "une petite lueur d’espoir", que les dirigeants de Delhaize "se rendent compte qu’ils ne peuvent pas faire ça". "On doit se montrer, on doit leur dire qu’on est des êtres humains et qu’on n’est pas des articles à solder", ajoute-t-elle au micro de la RTBF.
Pour le moment, il n’y a plus de réunion prévue entre la direction de Delhaize et les syndicats pour discuter du plan.
D’ici là, la direction mise désormais sur un conciliateur social. Elle a demandé au ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Dermagne, d’en désigner un. "Delhaize veut ainsi souligner, encore une fois, sa volonté d’investir dans le dialogue social et continuera à le faire", ajoute la chaîne de supermarchés. La direction dit espérer obtenir un "signal équivalent" de la part des syndicats et leur demande de rendre tous les supermarchés à nouveau accessibles aux clients.
Le ministre de l’Emploi a déjà réagi. "Nous avons dû constater que les parties n’ont pas réussi (une fois de plus) à engager un véritable dialogue sur l’annonce faite par la direction le 7/3. Aucune autre concertation n’est actuellement prévue au niveau local/de l’entreprise sur ce dossier. J’ai donc demandé au conciliateur social de prendre en charge le dossier et de réunir les parties pour une concertation. J’appelle les deux banques à un dialogue ouvert et constructif", communique Pierre-Yves Dermagne, ministre de l’Emploi.
De leur côté, les syndicats ont jusqu’ici promis de durcir le mouvement.