L’adaptation de "Dix pour cent", série comique à succès française, au monde haut en couleur du cinéma indien a été "une sorte d’évidence", déclare à l’AFP Shaad Ali, réalisateur de la version indienne pour Netflix : "Bollywood respire la comédie".
"Nous vivons des histoires semblables" à Bollywood, poursuit-il, dans un entretien vidéo depuis Bombay.
L’adaptation, intitulée "Call my agent : Bollywood", est littéralement calquée sur la série originale récompensée cette semaine par un Emmy Award dont vingt spin-off ont été signés dans le monde.
"Le sens de l’humour est indien", souligne le réalisateur.
La série est centrée sur quatre agents de stars, dont les contrats doivent être à tout prix conservés au sein de leur agence, chamboulée par la mort soudaine de son vieux patron.
"La façon dont les agents vivent leurs hauts et bas, leurs émotions […]" l’a séduit d’emblée, ajoute le réalisateur, célèbre en Inde pour "Saathiya", long-métrage multirécompensé en 2002.
Ces agents, rôles principaux, sont incarnés par deux étoiles montantes : Aahana Kumra et Ayush Mehra aux côtés de deux grands noms du cinéma indien, Rajat Kapoor et Soni Razdan.
Tournage en pleine pandémie
Il n’a vu "aucun risque" à se moquer du milieu, argue-t-il, "je le tourne en dérision, mais j’en fais aussi partie".
"Toutes les stars ont joué le jeu", ajoute-t-il, "sans forcer ni fabriquer, c’était juste naturel".
Le casting des superstars de Bollywood dont Ali Fazal, Richa Fadda, s’incarnant elles-mêmes dans un rôle fictif, a été "un processus ingrat" d’écriture sur-mesure tout en négociant leurs contrats.
Mais "le grand défi quotidien" a surtout été de tourner et protéger les équipes, quarante jours durant, "en pleine pandémie" en 2020, dit-il.
Autre facette du glamour
La comédienne Aahana Kumra se souvient d’avoir été happée par "Dix pour cent" jusqu’à la fin de la dernière saison.
"J’ai adoré absolument tous les personnages", déclare à l’AFP la pétillante brune, "j’ai vraiment aimé qu’elle humanise l’autre facette du glamour".
Aahana dit avoir en outre pris conscience de l’ingratitude des stars vis-à-vis des agents, tendant à oublier qu’ils ont aussi une vie.
"En tant qu’acteurs, nous sommes tellement…", elle ne trouve pas le mot, Shaad Ali le lui souffle : "imbus". Elle acquiesce, reprend l’expression en riant, et ajoute "mais c’est la nature du métier !".
Ses rôles à l’écran, ont "toujours été très corsetés", explique-t-elle, jusqu’au personnage d’Amal, imprésario lesbienne, tout feu tout flamme, "un peu en marge".
"Call my agent : Bollywood" est "très avant-gardiste" pour l’Inde, dit-elle, "même si d’une certaine façon l’on progresse sur les histoires de couples homosexuels […] il est très important de commencer à sortir du bois".
La comédienne assure ne pas craindre les controverses éventuelles.
"Tout ce qui compte vraiment pour moi, c’est ce que mes parents pensent de ma performance", souligne-t-elle, ils "sont très progressistes […] ils ont été enchantés".
L’adaptation a été écharpée par la critique en France, qualifiée notamment de "désastre" par l’hebdomadaire Télérama et de peu "crédible" ou "décevante" dans la presse indienne.
Shaad Ali assure ne jamais lire "aucune critique" mais a entendu dire que "les réactions sont mitigées, certains l’adorent, d’autres la détestent". "Je n’aime pas les réactions en demi-teinte", confie-t-il, "c’est alors effrayant".