Un rapport administratif très attendu sur le scandale des fêtes à Downing Street durant le confinement a été remis au Premier ministre britannique Boris Johnson, lundi matin. Ce rapport dénonce des "erreurs de leadership et de jugement" au sein de Downing Street, a dénoncé lundi la haute fonctionnaire Sue Gray.
Quentin Dickinson est chroniqueur Europe à Euradio, radio des territoires, et a dirigé le bureau de Radio France à Bruxelles pendant une vingtaine d’années. Il nous livre son analyse sur ce que l'on appelle le "partygate".
Boris Johnson va encore tenir longtemps, selon vous ?
C’est une bonne question, effectivement, parce que Boris Johnson a survécu à beaucoup de choses. Mais ce qui est vrai aussi, c’est que ce qui a pu lui assurer un succès véritable comme bourgmestre de Londres (le maintien des autobus rouges à impériale, les " Boris bus ", la production des vélos publics, par exemple, les "Boris bikes "), tout cela ne tient plus la route lorsqu’on prend des responsabilités gouvernementales. Et depuis qu’il est parvenu d’abord au ministère des Affaires étrangères et ensuite au 10 Downing Street, tous les jours, on en a la démonstration.
Est-ce qu’il peut s’en tirer malgré tout ? Eh bien oui, si des éléments extérieurs peuvent entretenir une forme de confusion et détourner l’attention de la presse londonienne à grand tirage. Ce genre d’élément peut être la crise avec la Russie sur l’Ukraine, puisque Boris Johnson est justement en Hongrie et en Ukraine aujourd’hui. Et le leitmotiv qui sort du 10 Downing Street et des amis de Boris Johnson, c’est que le Royaume-Uni est redevenu une grande puissance. Ayant quitté l’Union européenne, elle règle ces questions directement avec Poutine, elle déploie son armée, je cite, "pour soutenir l’OTAN ". Tout cela peut jouer.
Et il y a aussi d’autres éléments qui sont intervenus ces dernières heures, par exemple l’annulation tard hier soir de la vaccination obligatoire des salariés du secteur médical. La pression va donc retomber sur ce front de contestation. Il y aura aussi, dit-on, des annonces probables quant au soutien au pouvoir d’achat et du coût de l’énergie pour les ménages, qui est une autre bombe à retardement à désamorcer. Et, bien sûr, la poursuite du bras de fer avec l’Union européenne sur l’Irlande du Nord et sur les licences de pêche. L’UE est le perpétuel et bien commode bouc émissaire.
Johnson peut aussi survivre car le système de révocation du Premier ministre est une procédure entièrement interne du Parti conservateur. Et compte tenu des sondages plutôt mauvais pour eux, les députés conservateurs peuvent être tentés d’éviter coûte que coûte des élections législatives anticipées. Dans cette hypothèse, M. Johnson éviterait de perdre un éventuel vote de confiance de son groupe parlementaire.