Cyclisme

Bourlart après l’abandon de Biniam Girmay au Giro : "Le bouchon ? Un petit souci dans le protocole"

La déception est évidemment immense au sein de l’équipe Intermarché – Wanty Gobert, après l’abandon de Biniam Girmay sur les routes du Giro. Vainqueur de la 10e étape, l’Érythréen a été vaincu sur le podium par un bouchon de Prosecco… Même s’il regarde l’avenir avec confiance et pense avant tout à la santé de son coureur, Jean-François Bourlart, le patron de l’équipe belge, avoue que ce grand écart entre toutes les émotions est particulièrement pénible à vivre. Mais la décision était inévitable : "On ne peut pas laisser repartir Bini ce matin (ndlr : pour la 11e étape), sur avis médical. Il a une hémorragie dans l’œil. Il voit à nouveau de l’œil gauche depuis hier soir, c’est une excellente nouvelle, mais il est interdit de lui remettre une pression supplémentaire dans l’œil. On doit le faire arrêter son Giro. Il était en train d’écrire une page importante de sa carrière mais aussi tout simplement du Tour d’Italie. C’est magnifique ce qu’on a fait. Et on est obligé de le faire arrêter sur un bête incident."

La question est évidemment de savoir si Biniam Girmay pourra s’en tirer sans séquelles. Même si la cause du problème est assez absurde, l’objectif est évidemment de ne prendre aucun risque avec la santé du coureur et avec un organe aussi important qu’un œil… Mais son patron se montre plutôt rassurant : la convalescence de l’Érythréen ne devrait pas être trop longue. "C’est déjà une bonne nouvelle", sourit avec dépit Jean-François Bourlart. "S’il est prudent dans les prochains jours et s’il respecte bien ce que les médecins lui demandent (c’est-à-dire du repos et pas de pression dans l’œil), il ne devrait pas avoir de séquelles. J’espère que cela ne durera que quelques jours."

Le Giro n’est pas terminé pour l’équipe Intermarché-Wanty Gobert

La tristesse après la joie intense de la victoire d’étape concerne l’équipe bien sûr, mais avant tout le coureur lui-même, comme le confirme son patron : "Bini est très déçu évidemment. Il est dans une forme incroyable, mardi l’équipe a pris l’ascendant sur les autres formations, sur les autres favoris, et lui il bat Mathieu van der Poel le grand spécialiste de ce genre d’arrivée. Il avait le moral gonflé à bloc pour la suite du Giro. Il est très triste de devoir abandonner, bien sûr."

L’équipe Intermarché-Wanty Gobert arrivait sur le Giro avec beaucoup d’ambitions, avec une équipe bâtie autour de son vainqueur de Gand-Wevelgem. "Plusieurs étapes pouvaient lui convenir", explique Jean-François Bourlart. "On a vu sur cette 10e étape que le collectif était vraiment très fort, très soudé autour de lui. C’est une déception bien sûr pour nous, mais on a quand même cette belle victoire d’étape. C’est magnifique pour le futur, on a beaucoup d’espoirs pour lui, on sait que c’est un grand coureur, on sait qu’il va sans doute remporter encore de grandes courses dans le futur. Pour l’équipe c’est encore une grande étape franchie."

Le Giro de la formation belge n’est évidemment pas terminé pour autant, même sans celui qui avait été désigné leader. D’autres cartes peuvent être jouées, notamment en montagne, poursuit Bourlart. "Nos grimpeurs ont montré qu’ils étaient là et on a occupé la tête du classement inter-équipes pendant un jour ou deux, avec des coureurs bien classés. Avec Jan Hirt, Domenico Pozzovivo et Rein Taaramäe on a encore des chances sur certaines étapes, et une possibilité de terminer sur un top 10 avec Pozzo." Mais il va peut-être falloir d’abord digérer le départ de Girmay… "On perd celui qui tire tout le groupe vers le haut. C’est extra-motivant pour tout le monde d’avoir un coureur comme ça dans l’équipe. C’est un gros coup pour nous mais on est encore là quand même."

Un souci dans le protocole

Reste tout de même la question de la responsabilité. Girmay est jeune (à 22 ans, il est même le premier coureur né dans les années 2000 à remporter une étape sur un grand tour !) et pas encore habitué à déboucher des bouteilles de bulles pour fêter ses victoires, mais Jean-François Bourlart ne pense pas qu’il faut jeter la pierre aux coureurs… "Je ne pense pas qu’on doive briefer nos coureurs pour de prochains podiums… C’est plutôt à RCS (ndlr l’organisateur du Giro) de le faire et de se regarder dans le miroir parce que c’est le troisième coureur à qui ça arrive en 10 jours de course". Mathieu van der Poel (vainqueur de l’étape 1) et Koen Bouwman (vainqueur de l’étape 7) avaient en effet eux aussi vu le bouchon de leur bouteille leur monter à la tête après leurs victoires. "Donc il y a un petit souci dans le protocole. Je pense que toutes les équipes seront d’accord avec moi. On n’en veut pas à l’organisation, mais ils ne doivent quand même pas être très heureux de perdre de cette manière-là le premier coureur d’Afrique noire à remporter une étape sur un grand tour. Je n’ai pas encore discuté avec eux, mais c’est vraiment dommage que ça se termine comme ça.

Loading...
Biniam Girmay et Jean-François Bourlart
Biniam Girmay et Jean-François Bourlart © BELGA PHOTO JAN HUEBNER

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous