Guerre en Ukraine

Boycott européen sur le pétrole russe : "Il faut payer le prix" de l'indépendance, selon le représentant lituanien à l'UE

L'invité de Matin Première: Arnoldas Pranckevicius, représentant de la Lituanie au sein de l’UE

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Par Estelle De Houck sur base de l'Invité de Matin Première de Thomas Gadisseux

Cette semaine, la Commission européenne devrait formuler un sixième train de sanctions contre la Russie. Au menu : la question de l’indépendance énergétique et l’embargo progressif sur le pétrole. En Europe, la Lituanie est le premier État membre à avoir franchi une étape analogue. Le 1er avril dernier, ce pays aux premières loges face aux velléités russes a coupé les importations de pétrole. Alors, que pense la Lituanie de ce projet d’embargo ?

"Je pense que ce sixième paquet de sanction est le plus important de tous", affirme Arnoldas Pranckevicius, représentant de la Lituanie auprès de l’Union européenne. Selon lui, le pétrole a plus d’importance que le gaz pour le régime de Poutine. Il appelle donc à faire pression économiquement sur la Russie et à intensifier les sanctions.

C’est vrai que la Lituanie était la première à stopper la livraison de gaz russe, mais cela a pris 10 ans de réforme

"Il faut faire l’embargo le plus tôt possible. Bien sûr il y aura peut-être une transition pour aider les pays membres plus dépendants que les autres. Mais c’est très important de faire le pas ensemble dans cette direction énergétique."

Certes, Arnoldas Pranckevicius reconnaît des lenteurs au niveau de l’Union européenne. Mais il insiste sur le temps que nécessite ce type de décision : "C’est vrai que la Lituanie était la première à stopper la livraison de gaz russe, mais cela a pris 10 ans de réforme."

Et si les Européens craignent d’être sanctionné économiquement, c’est selon lui le prix à payer. "Il y a sept ou huit ans, quand on a construit le terminal LNG en mer Baltique, notre président a dit : ‘l’indépendance coûte’. On a même appelé ce terminal ‘l’indépendance’. Donc si vous voulez être indépendant, il faut payer le prix."

Mais les États membres sont-ils prêts à payer le prix ? "C’est le moment de montrer la solidarité qu’il existe entre nous pour nous aider les uns les autres", répond Arnoldas Pranckevicius.

Un pays dans le viseur des Russes

Aux premières loges face aux velléités russes, la Lituanie se prépare-t-elle au scénario du pire ? "Bien sûr qu’on ne peut pas éviter des scénarios différents : tout est possible et il faut être prêt pour tout. Dans les pays baltes, on sent cette menace partout. Mais il ne faut pas avoir peur."

A la question de l’intégrité territoriale du pays, Arnoldas Pranckevicius mentionne également l’Union européenne et l’OTAN. 18 ans après son entrée adhésion, la Lituanie considère les deux institutions comme des boucliers protecteurs.

Je pense que chaque citoyen lituanien sent à quel point l’OTAN et l’Union européenne sont notre sécurité

"C’était un choix existentiel, la décision la plus importante de notre existence après l’indépendance. Et aujourd’hui, je pense que chaque citoyen lituanien sent à quel point l’OTAN et l’Union européenne sont notre sécurité."

"Mais c’est sûr qu’il faut quand même augmenter la défense et la présence des alliés sur notre territoire", ajoute le représentant de la Lituanie auprès de l’Union européenne, mentionnant notamment l’attaque hybride de la Biélorussie l’an dernier.

Enfin, quel est le message européen envers ces autres pays qui demandent à intégrer l’UE et l’OTAN ? Est-ce que les européens sont prêts à les intégrer dans le club ? "Je pense que l’Europe doit être plus ambitieuse", répond Arnoldas Pranckevicius.

"Elle doit aider des pays comme l’Ukraine, la Moldavie ou la Géorgie, avec non seulement des réformes financières mais des perspectives claires sur leur avenir. Les citoyens de ces pays sont bienvenus en Europe. Ils sont ce futur européen", conclut le représentant de la Lituanie à l'Union européenne. 

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