Belgique

Bpost a perdu son patron, l’autorité de la concurrence enquête à propos de la distribution des journaux : que se passe-t-il ?

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C’est l’information qui est tombée à la veille week-end. Le conseil d’administration de Bpost et le CEO de l’entreprise, Dirk Tirez, ont décidé d’un commun accord de mettre un terme à leur collaboration. Au cœur du problème se trouve le dossier de la distribution de journaux en Belgique. L’État a lancé un appel d’offres pour renouveler la concession de cette distribution de journaux à partir de 2023. Bpost, qui assure déjà ce rôle actuellement, est candidate pour un renouvellement de la concession.

En interne, chez Bpost, un, "examen de conformité" a conduit à se pencher sur cette concession pour la distribution de journaux et de périodiques en Belgique. Cet examen a relevé des éléments pouvant indiquer des violations potentielles des politiques de la société et des lois applicables. Depuis le 24 octobre dernier, cette enquête interne concerne aussi d’autres dossiers pour lesquels des problèmes sont soulevés, relatifs au non-respect des politiques de la société et aux lois.

Parallèlement au travail d’enquête interne réalisé chez Bpost, le dossier de la distribution de journaux intéresse aussi l’Autorité belge de la concurrence qui a ouvert une enquête.

Sur quoi l’Autorité belge de la concurrence enquête-t-elle ?

C’est l’Auditeur général, Damien Gérard, qui coordonne l’ensemble des enquêtes de l’Autorité belge de la concurrence, qui a répondu aux questions de notre rédaction. "L’Autorité belge de la concurrence dispose d’indices sérieux de possibles infractions aux dispositions applicables en matière de concurrence en ce qui concerne le renouvellement de la concession pour la distribution des journaux et des magazines", explique Damien Gérard. Une enquête a été ouverte sur cette base-là.

Damien Gérard confirme que l’Autorité de la concurrence "a mené toute une série de devoirs d’enquête" qui "visent à la fois des éditeurs de presse et des distributeurs de presse écrite". "Il y a une série d’auditions, de consultations, d’informations qui nous ont été communiquées et des perquisitions qui ont eu lieu pendant la semaine du 29 novembre au sein des éditeurs de presse et des distributeurs de presse écrite", confirme Damien Gérard.

Plusieurs médias ont fait état de ces perquisitions, notamment auprès du groupe DPG Media, éditeur de Het Laatste NieuwsCependant, "il n’y a pas eu de perquisitions chez Bpost à ce stade", précise l’auditeur général de l’Autorité de la concurrence, Damien Gérard.

L’Autorité de la concurrence est une administration qui a la compétence de vérifier que les règles de la concurrence sont respectées.

Dans le cas présent, l’enjeu est de taille. La concession pour la distribution de la presse écrite représente un montant important. Il s’agit d’environ 170 millions d’euros que l’Etat verse à un distributeur, jusqu’à présent Bpost, pour assurer la distribution des journaux et périodiques dans la majorité des boîtes aux lettres des abonnés belges à la presse écrite. Le gouvernement doit renouveler la concession pour la période 2023-2027.

Que reproche l’Autorité de la concurrence ? L’enquête étant toujours en cours, l’auditeur général ne donne pas de détails. Tout au plus qu’il s’agit "d’échange d’informations et d’accords qui ont interféré avec l’octroi du renouvellement de cette concession de service public", explique Damien Gérard, l’Auditeur général. Une enquête comme celle-là peut prendre un certain temps. "La durée exacte dépend d’une série de facteurs tels que la collaboration des entreprises en cause", explique Damien Gérard. "Avant d’aboutir à une décision finale sur le fonds, il faut compter certainement un an et demi", poursuit-il.

L’enquête pourrait conduire à des amendes pour les entreprises concernées, voire directement pour des personnes impliquées au sein de ces entreprises.

Inquiétude des syndicats

Chez Bpost, c’est plutôt l’inquiétude qui prévaut du côté syndical. Dirk Tirez, le patron qui a quitté ses fonctions vendredi dernier, n’était en place que depuis deux ans. Son prédécesseur, Jean-Paul Van Avermaet, avait été licencié. Il était aussi visé par une enquête de l’Autorité belge de la concurrence dans le cadre des fonctions qu’il avait exercées auparavant à la tête de la société de gardiennage G4S.

L’Autorité de la concurrence suspectait une entente illégale sur les prix entre différentes sociétés de sécurité et de gardiennage. Une enquête était aussi menée par le ministère américain de la Justice.

Aujourd’hui, Bpost se cherche, une nouvelle fois, un patron. Cela a de quoi inquiéter les syndicats. "Si on a un nouveau patron tous les 24 mois, fatalement, le navire ne sait pas garder le cap", estime Stéphane Daussaint, responsable de la CSC pour le secteur "poste". "C’est très difficile d’avoir une vision et un développement stable à long terme", ajoute-t-il.

Et de rappeler, alors qu’il y a de moins en moins de lettres à distribuer et de plus en plus de concurrence dans la distribution de colis, la nécessité de fixer des objectifs à l’entreprise Bpost, le deuxième employeur du pays, avec 27.000 travailleurs.

Sur le même sujet : JT du 09/12/2022

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