Economie

Bpost : l’assemblée générale ne décharge pas les administrateurs de leurs responsabilités avant 2024

Par Jean-François Noulet, avec Belga

Bpost a tenu son assemblée générale ordinaire ce mercredi matin. "Il y a plus de gens dans la salle que les autres années", a constaté la présidente du conseil d’administration, Audrey Hanard. Le contexte dans lequel évolue bpost actuellement y est pour beaucoup. "Bpost vit une époque difficile mais nous faisons ce qu’il faut".

La présidente a aussi confirmé que l’ordre du jour était modifié. Il n’était plus question de soumettre au vote aujourd’hui l’approbation des modifications à la politique de rémunération. Bref, il n'était plus question de discuter de bonus en l’état actuel des choses.

La présidente du conseil d’administration de bpostgroup, entourée du responsable financier, de l’administrateur délégué et du secrétaire général.
La présidente du conseil d’administration de bpostgroup, entourée du responsable financier, de l’administrateur délégué et du secrétaire général. © BELGA PHOTO – NICOLAS MAETERLINCK

Le vote sur la décharge aux administrateurs initialement prévu n'a pas non plus eu lieu. Comme l’a souhaité l’actionnaire majoritaire, l’Etat belge, il a été proposé aux actionnaires de reporter ce vote en attendant la suite des examens de conformité, les enquêtes internes en cours chez bpost après les révélations de pratiques douteuses. 

Il n'était en effet pas question pour le gouvernement de décharger les administrateurs de leurs responsabilités dans la gestion de bpost en 2022 tant que toute la lumière n’aura pas été faite sur les soupçons d’irrégularités qui secouent l’entreprise.

L’État belge ayant la majorité des voix à cette assemblée générale, l’issue du vote n'était pas une surprise. Le vote sur la décharge aux administrateurs a ainsi été reporté à la prochaine assemblée générale, en 2024.

Bpost continue d’enquêter en interne

Avant de passer à l’examen des performances des entreprises de bpostgroup, la présidente du conseil d’administration a abordé les difficultés que bpost traverse actuellement.

Depuis la fin 2022, des soupçons d’irrégularités sont apparus en interne en lien avec le contrat pour la distribution de journaux et périodiques. L’enquête interne organisée par bpost a aussi pointé de probables soucis dans d’autres contrats. Cela a déjà conduit l’entreprise à prévoir une baisse de son bénéfice en 2023 de 25 à 50 millions d’euros.

À ce sujet, Audrey Hanard, la présidente du conseil d’administration a assuré aux actionnaires présents à l’assemblée générale que bpost procédait à "un examen objectif et approfondi des faits survenus au sein de l’organisation".

"L’une des révélations importantes pour nous a été que notre entreprise ne semblait pas avoir une structure de compliance assez forte", a-t-elle ajouté. On parle ici de la capacité de bpost à s’assurer que les décisions sont prises dans le respect des règles.

L’audit se poursuit donc a expliqué la présidente. "Il y a encore toujours des audits en cours pour certains contrats que nous considérons comme critiques", a-t-elle dit, rappelant qu’en prévision, bpost a déjà averti d’une baisse du bénéfice de 25 à 50 millions d’euros.

Audrey Hanard a dit comprendre "la frustration des actionnaires" mais n'est pas en mesure pour l'instant de présenter de nouveaux éléments pour rétablir la confiance.

En décembre dernier, bpost s'est séparée de son administrateur délégué, Dirk Tirez.  La recherche d'un nouveau CEO n'a pas encore abouti, ceci est pourtant l'une "des priorités du conseil d'administration", a expliqué Audrey Hanard.  La présidente du conseil d'administration de bpost n'exclut pas que les enquêtes en cours créent de nouveaux remous, mais tient à dédouaner d'avance la direction actuelle qui n'y est pour rien.

La semaine dernière, la direction de bpost avait donné en conférence de presse des précisions sur les audits en cours et les difficultés que traverse l’entreprise actuellement.

En présentant les résultats financiers, le CEO ad interim, Philippe Dartienne a parlé de "résultats robustes". "Nous nous portons mieux que la majorité des autres opérateurs postaux en Europe, a-t-il déclaré. Les difficultés dans lesquelles nous nous trouvons ne devraient pas porter ombrage", a ajouté Philippe Dartienne.   

Philippe Dartienne, a aussi détaillé les mesures prises par l'entreprise pour éviter à l'avenir de tels débordements, notamment la mise en place d'un point de contact interne pour signaler des faits irréguliers. "Je fais confiance au personnel et au management" car les fraudes ont été commises par une petite minorité et n'ont rien à voir avec l'ensemble des travailleurs de l'entreprise, selon lui.  

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