La population du Brabant wallon continue à augmenter, plus qu’à Bruxelles et plus que dans la plupart des autres provinces du pays. Seuls la Flandre et le Brabant flamand s’attendent, selon le Bureau fédéral du Plan, à une croissance démographique supérieure.
D’après les projections du Bureau et les données de Statbel (l’office belge de statistique), en 2070, il y aura 20% d’habitants en plus, soit l’augmentation la plus forte, côté wallon. C’est d’ailleurs pratiquement le double de l’augmentation moyenne nationale, estimée à +11% !
Boom démographique
Au début de cette année, le Brabant wallon comptait environ 410.000 habitants. Pour 2070, le Bureau du Plan table sur une population approchant les 500.000 habitants. "Cette forte augmentation de population s’explique par la migration interne, principalement celle des ménages bruxellois qui souhaitent s’installer au vert et avoir plus d’espace, tout en ne s’éloignant pas trop de la capitale (où la plupart d’entre eux travaillent)", commente Marie Vandresse, démographe au Bureau fédéral du Plan. L’effet de la pandémie et du télétravail est souvent évoqué pour expliquer, en partie, le désir d’espace et de calme. "Mais pour nous, il est trop tôt pour savoir s’il y a un impact dans le temps", précise la démographe.
Par ailleurs, le Brabant wallon gagne peu d’habitants venus de l’étranger, la migration internationale visant surtout les villes, dont Bruxelles, Liège ou Anvers, par exemple. On notera quand même quelques exceptions en Brabant wallon, comme Waterloo qui compte un grand nombre de ressortissants étrangers, anglo-saxons notamment.
Le phénomène migratoire intra-belge existe depuis longtemps. Pour Bruxelles et sa périphérie, la périurbanisation s’est accentuée depuis une vingtaine d’années. "Les Bruxellois ont d’abord déménagé dans la périphérie proche. Toutefois, au fil des ans, l’augmentation du prix de l’immobilier autour de Bruxelles a poussé les Bruxellois à déménager plus loin. Par exemple, jusqu’à Nivelles, et souvent à proximité des gares afin de garder un accès pratique à la capitale", explique Marie Vandresse.
Papy-boomers
C’est un autre enseignement des projections du Bureau : en 2070, la province du Brabant wallon comptera davantage d’octogénaires que d’enfants âgés de 10 ans.
En 2070, l’âge moyen en Brabant wallon dépassera les 47 ans, contre 42 aujourd’hui. En cause : une fécondité relativement basse, l’augmentation de l’espérance de vie et le fameux baby-boom, devenu papy-boom !
"Depuis 20 à 30 ans, les nouveaux venus de l’époque ont pris un coup de vieux". Certains arrivent à l’âge de la retraite. Conséquence : la moyenne d’âge augmente sensiblement en Brabant wallon. Cette tendance à la hausse est constatée dans de nombreux pays, mais elle est accentuée dans certaines régions en fonction d’autres critères, notamment socio-économiques. Dans cinquante ans, le nombre de centenaires va augmenter, y compris en Brabant wallon. Une évolution qui suppose aussi de nouvelles politiques, notamment en matière de mobilité, d’équipements, de soins, d’aide et de prise en charge des seniors. Un calcul prévisionnel qui devrait éviter d’arriver avec une guerre de retard. Pour autant que d’autres facteurs (politiques, budgétaires,…) le permettent.
Prévoir pour bien agir
Ces projections, tout comme d’autres études prospectives, les responsables politiques devraient en toute logique en tenir compte. En fonction des compétences, les différents niveaux de pouvoir pourront utiliser les travaux des démographes pour réfléchir aux orientations politiques des prochaines décennies. Un plan de travail à long terme souvent difficile en politique, mais qui a le mérite d’éclairer les élus sur la voie à suivre pour anticiper les besoins futurs probables.
"Nous avons déjà mis en place une série de mesures pour accompagner les seniors", explique la députée provinciale, Sophie Keymolen, en charge de l’accompagnement des aînés. "Tout ce qui est services de maintien à domicile, par exemple. Mais c’est bien de savoir, au-delà de notre propre diagnostic provincial, où on en est aujourd’hui dans nos politiques, quels sont les besoins à venir et vers quoi on doit aller".
Reste à voir si le financement de ces programmes suivra, dans un contexte financier difficile. Et sans réellement savoir, à long terme, de quoi demain sera fait.