Inaugurée il y a tout juste un an, en octobre 2020, la piscine de Braine-l'Alleud s'apprête déjà à devoir fermer ses portes pour une durée de deux semaines en décembre. La raison ? Un décret wallon qui impose à tous les gestionnaires de vidanger intégralement leur bassin au minimum une fois tous les deux ans. Dans ce cas-ci, l'opération devrait donc être effectuée au plus tard en octobre 2022, mais la commune s'y oppose car c'est une période de grande fréquentation.
À la place, les autorités communales ont demandé une dérogation afin de pouvoir réaliser cette vidange en décembre 2022, période plus creuse, ce qu'aurait refusé la Région. Afin de se conformer au délai légal, c'est donc déjà en décembre de cette année que la piscine sera complètement vidée, soit seulement quatorze mois après sa mise en service.
"Une aberration écologique et économique"
Au delà de cette discorde à propos du calendrier, c'est l'obligation même de vidanger l'entièreté du bassin en une seule fois que dénonce Geoffroy Matagne, l'échevin des Sports à Braine-l'Alleud: "Sur le plan économique, cela va coûter 20 000 euros à la collectivité. Sur le plan écologique, cela représente 1 500 000 litres d'eau qu'on va devoir tout bonnement mettre aux égoûts".
La pilule passe d'autant plus mal que cette piscine est dotée d'équipements récents qui permettent déjà de renouveler l'eau de manière plus continue et plus durable: "Le décret prévoit un remplacement de l'eau 'par nageur'. Nous on est à plus ou moins 40 litres par nageur. A la lecture du nombre de nageurs qu'on a eu cette année, on peut déjà dire qu'on a remplacé complètement l'eau de la piscine depuis le 1er janvier. Surtout, c'est un remplacement intelligent car ces quelques dizaines de litres d'eau par nageur qui sont enlevées sont recyclées, on en récupère la chaleur, et on les réutilise dans les toilettes ou pour le nettoyage, ce qui est impossible à faire avec un million de litres".
"Nous faisons le choix de la santé publique"
Pour donner de l'eau au moulin de Braine-l'Alleud, cette obligation de vidange bisannuelle n'est déjà plus appliquée depuis 1995 en Flandre et depuis 2002 à Bruxelles, la Wallonie étant la dernière région du pays à encore se retrancher derrière un principe de précaution: "Il n'y a pas de consensus scientifique en la matière, ce qui explique sans doute les différences entre régions" justifie son porte-parole Nicolas Yernaux, "On considère qu'une telle vidange participe à une sécurité renforcée en terme de santé publique, la crise covid nous rappelle d'ailleurs combien les règles d'hygiène sont capitale pour la santé de tous".